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Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»

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Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 Empty Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»

Message par pootoogoo Sam 16 Nov 2013, 07:27

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 HslfFsn

De [a-] à [-zel], deuxième partie (1827-1842) : Un siphon font, font... de petites cafetières.

La cafetière à siphon, maintenant connue sous le nom de « Cona » a reçu toute sorte d’appellations étranges à ses débuts : « Atmodèpe-infuseur », « Café-facteur », Cafetière « Myrosostique » ou « atmo-pneumatique ». cyclops 
Elle est généralement constituée de deux globes superposés, reliés par un tube, et fonctionne en deux temps. Elle utilise d’abord la poussée de la vapeur pour évacuer par un tube ascensionnel de l’eau portée à ébullition dans une enceinte fermée. L’infusion s’opère alors dans la partie supérieure où se  trouve le café en poudre. Lorsque la source de chaleur est éteinte, la pression de vapeur retombe, ce qui crée un effet de succion faisant revenir le café infusé dans le bas de la cafetière, le marc étant retenu par un filtre.

Si l’on se contente des brevets, on pourrait croire une nouvelle fois que cette invention est française et date de 1835. Cela vient non seulement des différentes dates de mise en place des Brevets suivant les pays et possiblement de la disparation d’archives, mais aussi, comme dans le cas de Descroizilles ou Charnacé, de la discrétion et de l'humilité de son inventeur.
Son nom apparaît dans l’ouvrage de Bersten mais il m’a fallu faire une grande boucle dans le temps, de 1835 à 1842 pour en retrouver la preuve dans un ouvrage insolite de 1827. Si cette cafetière ressemble à un instrument de laboratoire, ce n’est pas le fruit du hasard... sa description se trouve dans une revue de physique et de mathématique. Exclamation

study

Commençons donc par les brevets...

>1835<

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 TlWgslq +

Sous le nom peu accrocheur de « nouvelle cafetière à vapeur », Louis-François-Florimond BOULANGER (résidant à Paris, au 43, rue du Faubourg-Saint-Denis), architecte né à Douai en 1807, dépose le tout premier brevet français de cafetière à siphon. Sa description est assez précise, mais peu enflammée par rapport à la nouveauté que semble représenter l’invention dans le monde des cafetières. No

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 TCKC2TP
Cafetière de Boulanger, 1835 (source: « Archives INPI »)

On peut se demander comment un socialiste en herbe, étudiant de l’école des Beaux-Arts occupé à dessiner son « Palais pour l'exposition d'objets d'art et des produits de l'industrie » qui lui vaudra le grand prix de Rome en 1836 a pu avoir cet éclair de génie. Peut-être le sujet même de son étude ? Suspect(voir plus loin)


>1836<

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 1WSdU9W +

Son compatriote Pierre-Marie-Joseph BEUNAT (de Thann dans le Haut-Rhin), chevalier de la Légion d’honneur, avait bien plus d’éloquence. Il vante les mérites de son « appareil propre à faire les infusions, nommé admopède infuseur », appareil quasi identique à celui de Boulanger, en ces mots : « L’ajustement de l’appareil est facile, son apparence est très agréable, l’opération qui ne l’est pas moins en elle-même est de plus une puissante cause de distraction pour un malade ou pour une société » (sic). Smile 
Son brevet couvre très large : en plus de la possibilité de faire du café ou du thé, est énoncé la possibilité de faire toute boisson qui s’obtient par infusion de matières végétales, et même la possibilité de s’en servir pour la préparation de chocolat « mais à celui de bonne qualité seulement ». Elle permettrait aussi... de « cuire sur table, en présence des convives, divers comestibles tels que des œufs en coque, des asperges, etc. » Shocked ... pratique !

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 O8hN3Dr
Cafetière de Beunat, 1836 (source: « Archives INPI »)


>1837<

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 0QvoDLa +

Après une première demande de brevet abandonnée pour une « cafetière éolipyle perfectionnée », Jean-Louis CAPETTE, fabricant de bronzes à Paris (au 43, rue du Temple), obtient peu de temps après un brevet pour une « Cafetière Myrosostique », appareil identique à celui de Boulanger, mais qui a la particularité d’avoir un chauffage du réservoir par le côté. rabbit

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 CFwfoAA
Cafetière Myrosostique de Capette, 1837 (source: « Archives INPI »)



Madame Jeanne RICHARD, née PIERRET (55, rue du Faubourg-Saint-Martin à Paris) apparaît souvent dans la liste des inventeurs associés à la cafetière à siphon (Bramah p. 81, Bersten p. 84).

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 9kSgNgO+

Son brevet est un brevet d’importation qui concerne une « Cafetière physique diaphane avec concentration de toute la vapeur » appelée Atmodès. Le fait est que son brevet confirme la piste de l’inventeur et explique pourquoi Beunat, habitant en Alsace, a eu vent de cette cafetière. Il y est dit que « le système de l’Atmodès est fort simple et il est employé depuis un grand nombre d’années aux cafetières en Allemagne » (indice Wink).

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 V9mVZwQ
Cafetière Atmodès importée par Richard, 1837 (source: « Archives INPI »)

scratch
Le modèle présenté est très proche d’une cafetière à siphon... à ceci près qu’il est complètement fermé hermétiquement et est muni d’une soupape de sécurité sur le globe du haut. Cette modification, qui n’est pas forcément heureuse, semble venir de Madame Richard elle-même, car c’est ce qu’elle rapporte plus tard :
« Un de mes perfectionnements à la cafetière que j’importe en France (voir le modèle que j’ai déposé le 21 août dernier) consiste dans l’isolement total du liquide de l’air atmosphérique. »
Cette modification est rapidement abandonnée et, quelques mois plus tard seulement, dans sa demande de perfectionnement, elle revient vers un principe d’infusion sans ébullition plus « classique ». Le tube est allongé jusqu’au sommet de la boule de cristal et le bouchon est muni d’un autre tube qui comprend un robinet, afin contrôler la descente de l’infusion. Neutral
Elle ajoute aussi à cette demande un autre type de cafetière de son invention et un modèle d’un certain Van s. Loeff de Berlin (qui est peut-être l’exportateur de l’Atmodès, mais ce n’est pas dit clairement). Cette dernière est une cafetière à recirculation (et non à siphon) d’une forme particulière. Celle de son cru fonctionne sur le principe de la cafetière de Laurens, dans une forme un peu plus compacte (l’infusion étant récupérée sur le pourtour).

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Cafetière de Van s. Loeff, importée, et Nouvelle cafetière de Richard, 1837 (source: « Archives INPI »)


study

Mais revenons à nos siphons...

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 7QYcBiS

Ce type de cafetière a certainement eu un grand succès à cette époque, car les inventeurs se succèdent et rivalisent d’ardeur pour lui associer leurs noms. Robinet au milieu, en bas, système d’auto-extinction de la lampe, en métal en cristal, avec une couronne sur la tête... les brevets sont très nombreux : plus d’une trentaine, soit les deux tiers des brevets de cafetières jusqu’en 1844.


À travers ces brevets, on peut signaler :

>1839<

James VARDY et l’ingénieur Moritz PLATOW et leur brevet de 1839, qui n’a d’autre mérite que d’être le premier déposé en Angleterre pour ce type de cafetière et de n’avoir, sur ce coup, que 4 ans de retard Langue(ça a son importance pour les Anglo-saxons, grands laissés pour compte de cette histoire de cafetière...).

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 Q5KYPfE
Cafetière de Vardy et Platow, 1839 (source: Polytechnisches Journal)


>1841<

En 1841, madame Marie-Fanny-Ameline VASSIEUX, née MASSOT de Lyon (au 37, rue de l'Arbre-Sec), obtient un brevet pour des « perfectionnements apportés à la cafetière en cristal dite café-facteur ». Elle lui donne un bras qui maintient maintenant deux globes par le milieu et pose sa marque en la coiffant d’une couronne. king

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 Xpu5ra7
Cafetière café-facteur de Vassieux, 1841 (source: « Archives INPI »)

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 N1dRPX5 +

Le terme café-facteur était certainement un clin d’œil au populaire caléfacteur (ancêtre de la cocotte-minute) de Pierre-Alexandre Lemare (qui avait aussi inventé une cafetière dans les années 1820). Madame Vassieux l'avait baptisée cafetière Lyonnaise et y allait de nombreuses publicités dans les journaux, envoyant même un membre de sa famille en faire la promotion en Hollande, au risque de le voir condamné pour insoumission par un conseil de guerre... pale

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Echo de la fabrique, 1842. La Presse, 1842.

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La Presse, 10 décembre 1845

Faut dire que la concurrence était rude, tout s'est déjà joué à quelques mois près pour cette forme à deux ballons avec Louis-Octave MALEPEYRE (fabricant de cafetières à Paris au 14, rue Saint-Claude): son brevet intitulé « perfectionnements apportés à la cafetière dite hydropneumatique » a été déposé avant, mais obtenu après. Mad

En 1842 arrivaient aussi les publicités pour la "cafetière de Smith" (dont la lecture est un pur délice), brevet déposé en France par François-Auguste GOSSE, premier à avoir utilisé l'appellation « Cafetière à Siphon » (titre du brevet de 1842). Elle serait de John-Willam (sic) Smith, mais Gosse dans son brevet dit aussi en être l'inventeur scratch. Un autre article de presse de juillet 1842 parle d'importation (par la maison Gosse et Pochet-Deroche), mais je n'ai pas trouvé trace de ce Smith dans les brevets anglais (qui, s'il existe, pourrait être antérieur à ceux de Vassieux et Malpeyre, et ferait sauter de joie les Anglais bounce)...

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Cafetière Malepeyre, 1841 (source: « Archives INPI »)


Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 Y51RtfT
La Presse, Septembre 1842 (Cafetière Smith/Gosse)

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 B3ebUBD  +



>1842<

Pour finir, en 1842, Jean-Baptiste-Auguste FORTANT (ferblantier lampiste au 21, rue du Petit-Thouars, à Paris) propose un système ingénieux d’auto-extinction de la lampe à l’aide d’un flotteur placé dans le globe supérieur. Idea

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Cafetière hydropneumatiques de Fortant (source: « Archives INPI »)

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 JYvv4vL +



Et maintenant, qui est donc cet inventeur à l’origine de la cafetière à siphon Question

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 7rMBPyO

Toujours en 1842 (le 7 avril), M. Herpin fait un rapport au nom du comité des arts économiques de la Société d’Encouragement pour l’Industrie nationale, sur une cafetière « atmo-pneumatique » que leur a apporté M. Soleil, opticien au 35, rue de l’Odéon (Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale, N° CCCCXLII, p.124). Suivent une description de ladite cafetière et la planche correspondante (N° CCCCXLVIII, Oct. 1841, p. 414 et p. 842).

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Cafetière de Soleil, 1836/1842 (source: Polytechnisches Journal)

C'est là qu'on arrive au nœud de l'histoire.
On apprend dans ce rapport qu’ils ont pris leur temps au comité... pour « soumettre la cafetière à une épreuve décisive et suffisamment prolongée », ainsi va la science. What a Face 
La cafetière leur a été confiée vers 1836 et a été simplement modifiée légèrement par M. Soleil, son but étant de populariser l’invention d’un physicien distingué, professeur à Darmstadt, appelé « Noremberg » (deuxième indice Rolling Eyes).

sunny

Le M. Soleil en question n'est autre que Jean-Baptiste François Soleil (1798-1878), ingénieur-opticien français tout à fait fascinant, dont l’abbé François Moigno fait l’éloge dans la préface de son ouvrage de 1869 intitulé « Saccharimétrie optique, chimique et mélassimétrique ». Autodidacte, Soleil a acquis une telle connaissance en optique qu’il était connu des grands physiciens pionniers de l'optique moderne à l'époque (Babinet, Fresnel, Arago, Silbermann). Tous, doivent une part de leur renommée à ses talents de concepteur d’appareils optiques.

Très tôt, s’est trouvé sur son chemin Johann Gottlieb Christian NÖRRENBERG (1787-1862), physicien allemand, autodidacte lui aussi, venu parfaire sa formation à Paris de 1829 à 1832. Personnage effacé et brillant, il y vivait modestement: il est raconté qu’à l’époque il pouvait vivre des mois en se limitant à du café, du lait, du sucre et du pain. Il réservait son argent pour de rares sorties à l'opéra, des pâtisseries... mais surtout pour des pièces d'optique. Il rencontre Soleil avec qui il se lie d'amitié et à qui il enseigne son savoir en physique... autour de quelques cafés, j'imagine.

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 W3Eb7ns
Johann Gottlieb Christian NÖRRENBERG (1787-1862)

Avant de venir à Paris, il était un apprécié professeur de mathématique, de physique et de chimie à l’école militaire de Darmstadt (« Die Hof-und Universitätsmechaniker in Württemberg im frühen 19. Jahrhundert », Andor Trierenberg, 2013, p.465). C’est dans le cadre de ses cours qu’il a mis au point la cafetière à siphon, tel que cela est raconté dans un article de 1827 intitulé « Beschreibung einer Kaffehmaschine » (Zeitschrift f. Physik u. Mathematik, Bd. 3, S. 269-271, 1927).

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 S25Apif
Cafetière de Nörrenberg, 1827 (source: Zeitschrift f. Physik u. Mathematik)

La cafetière et son fonctionnement sont décrits en détail dans l'article scientifique, où il est aussi mentionné que sa conception et son utilisation sont tellement simples qu’elle a rapidement été adoptée par nombre de ses amis et de ses élèves. Il n'a tout simplement jamais eu en tête de breveter sa cafetière, préférant en expliquer le principe et partager son invention. cheers
À noter aussi qu'à la fin de l'article, la montée et la descente du liquide dans le tube ascensionnel est comparée à la circulation sanguine d’un poisson observée au microscope (ce qui en fait sans aucun doute le premier 'coffee geek' de l’histoire alien).

L’ironie du sort, c’est que l’appareil de Soleil est mentionné dans le Polytechnisches Journal (« Soleil's atmopneumatische Kaffeemaschine », Volume 84, Nr. L., p. 268–269 de 1842), journal féru des innovations reliées aux machines à café, mais sans aucune mention de Nörrenberg. :!:Il est aussi étonnant que le journal soit passé à côté de son article scientifique lors de sa publication... scratch


Rentré en Allemagne, Nörrenberg deviendra professeur à l’Université de Tübingen et restera en contact étroit avec Soleil. Il a laissé son nom dans l’histoire des sciences pour avoir mis au point un instrument appelé le « polariscope » et pour être l’auteur du premier daguerréotype (ancêtre direct de la photographie) d'Allemagne, pris seulement deux semaines après le dépôt de l’invention en France (1839). C’est certainement son fidèle ami Soleil qui lui avait fourni l’appareil, lui qui a publié un livre sur le sujet dès 1840 (« Guide de l'amateur de photographie, ou Exposé de la marche à suivre dans l'emploi du daguerréotype et des papiers photographiques »).

scratch
Maintenant, pour ce qui est de Boulanger, il n'est pas impossible que sa recherche thématique autour du "Palais pour l'exposition d'objets d'art et des produits de l'industrie" (son projet d'architecture) l'ait mené au dépôt des Arts et Métiers où a séjourné un certain temps la cafetière inventée par Nörrenberg (vous voyez où je veux en venir Wink). Ce qui pourrait transformer son éclair de génie en coup de Soleil... Very Happy



À suivre...

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+ Source: « Archives INPI », avec leur aimable autorisation.


Dernière édition par Pootoogoo le Dim 24 Nov 2013, 03:04, édité 7 fois

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Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 Empty Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»

Message par rotchitos Dim 17 Nov 2013, 12:31

je me réservais un moment de tranquillité pour profiter pleinement de l'écriture..
formidable pootoo tout simplement formidable Wink 
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Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 Empty Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»

Message par zeb Dim 17 Nov 2013, 12:39

Ce genre de fil de discussion a plutôt tendance à inspirer un respectueux silence, cela peut être pesant pour son auteur, mais Pootoogoo ! Pratiquement 1900 vues aujourd'hui à moins d'un mois de publication c'est un sacré indicateur Wink

Bravo et merci encore une fois !
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Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 Empty Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»

Message par Flynn Dim 17 Nov 2013, 12:51

C'est vrai Zeb, mais on commence à manquer de superlatifs

Super boulot Pootoo

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Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 Empty Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»

Message par pootoogoo Dim 17 Nov 2013, 16:40

Même répétés, des encouragements font toujours plaisir... et j'en ai encore besoin pour aller jusqu'au bout !
cheers 

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Message par hbf11 Dim 17 Nov 2013, 17:34

Pootoogoo,

Chapeau bas et merci pour cette remontée dans le temps
J'ai appris l'histoire de l'ancêtre de la machine à siphon dont se servait ma mère !
Pootoogoo, pour ton travail il va falloir créer une récompense !!!!.
Bon courage pour la suite
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Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 Empty Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»

Message par pootoogoo Jeu 21 Nov 2013, 04:14

Petit ajout d'anecdotes et publicités d'époque autour de la « Cafetière Lyonnaise » (de Vassieux), pour les abonnés seulement Very Happy.

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Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 Empty Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»

Message par _didier_ Jeu 21 Nov 2013, 09:35

Encore une fois quel travail Pootoogoo, c'est un vrai voyage initiatique dans le monde du café passé que tu nous fais vivre... pas beaucoup de chose a rajouter, simplement fantastique ; merci !


Dernière édition par _didier_ le Jeu 21 Nov 2013, 17:44, édité 1 fois
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Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 Empty Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»

Message par r0bin Jeu 21 Nov 2013, 15:14

+1 superbe boulot de recherche
tu auras bientôt assez de matière pour en faire un livre sur l'histoire du café en France, je suis sûr que ça se vendrait comme des petits pains
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Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 Empty Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»

Message par rotchitos Ven 22 Nov 2013, 10:28

Finalement je me demandais à qui étaient destinées ces nouvelles machines ? Au grand public ? certainement très restreint en ces années et surtout très éclairé pour en avoir connaissance. Peut-on même en parler ainsi, du grand public. (J’avoue avoir une idée de la vie courante de ces années là…mais alors très vagues les idées)  ou alors pour certains débits de boissons un peu plus luxueux que les troquets du coin.
 
Parce que si la destiné était pour le particulier, on pourrait voir ces machines à café comme parmi les premiers petits appareils ménager (à défaut d’électro) à envahir les cuisines d’alors.
 
On peut voir sur une pub publiée par pootoo (au dessus) qu’en 1843 la société de la cafetière lyonnaise encourageait cet achat pour le nouvel an en guise de cadeau. Pas à noël, puisque le « concept » interviendra quelques dizaine d’années plus tard.
 
De plus, quel type de café était utilisé et comment était-il torréfié ? Moulu ? Même si j’ai pu voir quelques antiques moulins de cette époque.
 
Vraiment j’aurais bien aimé me faire servir un café de ce genre, par exemple chez la comtesse tout en feuilletant son album.
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Message par pootoogoo Ven 22 Nov 2013, 23:21

Faut voir la valeur de l'époque... mais 12,50 à 15 francs la cafetière à Siphon ça parait quand même moins cher qu'une Rocket Giotto Evoluzione V2 Rolling Eyes (le prix d'abonnement du journal dans lequel apparaît l'annonce est de 48 francs par année).*
Vu le nombre de brevets et la prolifération des ferblantiers à Paris, pas mal de ménages devaient être équipés avec des cafetières de plus en plus évoluées.
Pour le café, je pense qu'il était vendu torréfié... y'aurait un autre post à faire sur l'évolution des appareils de torréfaction, de la poêle au super engin contrôlé par PID. Et un autre sur les moulins... qui s'en charge ? Langue

* Pour donner une idée:«L'inventaire après décès du peintre Jacques Augustin Catherine Pajou rédigé en 1828 donne des indications de salaires annuels : sa cuisinière 350 francs par an, son domestique 500, son jardinier 700. Une médaille en or pesant cent quarante et un gramme quarante-neuf centième est prisée 439 f 50.» (Source: Wikipedia)

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Message par pootoogoo Dim 01 Déc 2013, 18:45

De [a-] à [-zel], troisième partie (1844-1855) : le café « en grand »

Au XIXe le café s’est popularisé de façon considérable en France et les établissements le servant se sont multipliés, inquiétant même le pouvoir qui devait secrètement espérer que tout ce bas monde prenne sa tasse de café à la maison plutôt qu’en parlant politique au café du coin. Mais ce sont plutôt les lois de la nature qui allaient contre la production d’excellent café «en grand». La nécessité de « faire le meilleur, le plus vite possible et de la façon la plus économique » est une équation difficile à résoudre, quel que soit le produit auquel il se rapporte. C’est pourtant la solution à ce problème qui est au cœur des paramètres qui ont participé à la naissance de l’expresso.

Les technologies proposées alors ont bien répondu tant bien que mal au «faire le meilleur de façon économique» mais celles-ci n’étaient jamais rapides… et demandaient aux limonadiers de préparer la boisson à l’avance en la gardant au chaud, ce qui en dégrade les qualités.
- Dans le cas de l’infusion à la Dubelloy, il est possible d’avoir en attente de grandes quantités d’eau chaude mais l’infusion est lente.
- Dans le cas des cafetières à vapeur sur le principe des « cafetières italiennes », l’extraction est rapide mais attendre que l’eau arrive à ébullition est tout aussi long. Vu la qualité des métaux et des soudures à cette époque, laisser l’ébullition en attente de l’extraction dans une chaudière fermée, exposait à des risques d’explosion non négligeables.

Pour la troisième méthode d’extraction (les cafetières à siphon), le café était bien préparé (soit-disant) « à la minute » mais seulement « sur table », pour quelques tasses. Attendre l’ébullition était peut-être plus distrayant mais tout de même assez long (voir la caricature plus bas). De toute façon, il était impossible pour les cafés d’utiliser autant de cafetières que de clients…

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 DzxFDft  Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 KFYNWyl
Le Tintamare, 05 mars 1852 (source: « Gallica »)


Dans les faits, le développement des petites cafetières domestiques a certainement accéléré l’évolution de la préparation du café en grand, amenant au sein de la population une référence du bon café et rendant les clients plus exigeants. Finit le temps où on pouvait servir (littéralement) n’importe quel jus de chaussette ou faire passer de la chicorée pour du café… en tout cas auprès de certains, la boisson nationale étant quand même toujours le café au lait, et le café frelaté étant assez répandu.

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L’Eclipse, 1877 (source: « Gallica »)


Les cafetières de Romershaussen et de Rabaut pouvait produire du café en grand, mais il n’est pas sûr que ces appareils aient été employés dans des établissements servant du café, leur configuration semblait plutôt faite pour un usage extérieur.

>1832<

Le premier à se préoccuper spécifiquement du café en grand dans les brevets français est Joseph-Patrice DU BOURG (résidant à Paris au 5, avenue des Champs-Élysées). « Jusqu’à ce jour, dans aucun pays, le caffé (sic) n’a été confectionné en grand et partout, dans les confections en petit, on a suivi des principes routiniers ». Ainsi débute son brevet de 1832 (octroyé pour dix ans, ce qui est rare à l’époque) intitulé « méthode de préparation en grand du café à la vapeur ». Son brevet ne comporte pas de dessin mais juste une description. L’installation utilise, « dans un laboratoire », un générateur de vapeur, qui pousse de l’eau à travers un appareil contenant le café avec des grilles des deux côtés et une tuile métallique pour retenir la poudre de café. Le café est récupéré dans une chaudière doublée de porcelaine ou de faïence en son intérieur (pour ne pas altérer le goût du café et le tenir au chaud sans qu’il atteigne l'ébullition) et est servi par un robinet. Il est annoncé qu’il est possible de produire une quantité énorme de café en peu de temps : 18 à 20,000 tasses en 15 à 21 min avec 150 kilos de café ou 150,000 tasses en moins de 9h ! Le but affiché est la distribution de café dans tous les quartiers d’une ville, ce qui se faisait encore au début du XXe par des marchand ambulants.

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Vendeuse de café à Paris 1810)
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Vendeuse de café à Paris vers 1900


Le soucis est un soucis d’économie : « Au moyen de cette invention la tasse de café au lait sucré, première qualité, qui se vend 60 centimes sera livrée au public à 15 centimes. La double tasse caffé Moka (1/4 de litre) sans lait, y compris le sucre rafiné à 13 cent. ½ »
Il en profite pour se plaindre au passage des « gros droits de douane sur les sucres et les caffés », mais conscient que cela pourrait jouer contre lui, il précise dans une note, qu’en considérant les droits perçus, «cette invention et sa propagation augmentera de plusieurs millions les revenus annuels de l’Etat».

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>1838<

Pierre-Médard GAUDICHON, dans son brevet de 1838 intitulé « moyen propre à faire du café, sans ébullition ni évaporation, et pour obtenir de cette fève tout l’arôme qu’elle contient » présente la toute première machine à «capsule» (c’est le terme employé dans le brevet). Des capsules pour du café en grand ? Enfin, pas n’importe quelle capsule, elle est rechargeable et a une taille imposante. C’est en fait une cafetière Morize (sur le principe de la cafetière dite «napolitaine»), qui se retourne sur un grand vase en porcelaine muni d’un robinet. Dans son «observation essentielle », à la fin du brevet, il précise que « l’appareil pour M. M. les limonadiers est le même sur une plus grande échelle». Il y ajoute aussi un système pour que l’eau repasse sur le marc afin de préparer plus de café (beurk). Je me demande comment ils faisaient pour ne pas s’ébouillanter dans la manœuvre de retournement…

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Cafetière de Gaudichon, 1838 (source: « Archives INPI »)

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>1847<

L’appareil proposé par André GIRAUD (distillateur liquoriste à Paris, 43, rue du Faubourg-Poissonnière) en 1847, commence à ressembler franchement aux premières machines à café «Express». Son système dit «condensateur, appareil chimique, pour la préparation du café et du thé», se compose d’une cuve en cuivre de 8 à 9 litres de capacité (pour la «Demie grandeur»), chauffée au bois, qui envoie de l’eau dans deux «porte filtres cylindriques de la profondeur de 15cm et 11 de diamètre à double compartiment armé de trois filtres métalliques» situés de chaque côtés de la chaudière. L’eau poussée à travers ces filtres contenant la poudre de café (ou du thé) passe ensuite par un serpentin pour condenser les vapeurs aromatiques et est récupéré dans deux récipients de cristal gradués, munis de robinets. Ces récipient sont placés dans un vase à bain marie avant le service. Il est spécifié que l’appareil peut produire 50 tasses (d’un côté le thé et de l’autre le café) en 45 à 50 minutes et ne consomme que 4 à 5 centimes de chauffage.

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Cafetière de Giraud, 1847 (source: « Archives INPI »)

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>1855<

L’Exposition Universelle

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Bâtiment principal de l’Exposition Universelle de Paris, 1855

1855 est l’année de la première exposition universelle française, à Paris. Un imposant bâtiment a été construit près des Champs-Élysées pour l’occasion, qui comprenait une très longue annexe (une verrière de 1.2km le long et 17m de hauteur le long de la Seine) accueillant la Galerie des machines.*

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Plan du site de l’Exposition Universelle de Paris, 1855

C’est dans cette annexe que se trouvait le tout nouvel appareil de Loysel, appelé «percolateur hydrostatique».

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Percolateur hydrostatique de Loysel dans sa version petit format, 1855

Loysel, de son nom complet Edouard LOYSEL DE LA LANTAIS, né en 1816 à Vannes, était fils et petit-fils d’ingénieur. Lui-même ingénieur, professeur de sciences naturelles et de mécanique il a à son actif de nombreuses publications et plusieurs brevets. Avec son sens développé des affaires, il a commencé par breveter l’un des tous premiers panneaux publicitaire (1839 et 1842 :«mode de publicité dit annonciateur universel»), puis une modification au jeu d’échec (1841 et 1843), sur les traces de son père qui avait inventé un jeu de société. Des produits pour toucher le grand public… tout comme ses nombreux brevets de cafetières.
Le concept de sa première cafetière est développé dans différents brevets. Le premier, de 1843, la décrit comme un «genre de cafetière». Il s’agit d’une cafetière basée sur le principe de la cafetière à siphon mais qui chauffe le lait au bain-marie en même temps que l’eau. Le robinet de sortie est à double conduit, de sorte que le lait et le café sont mélangés pour produire la boisson préférée des français (ou des anglais si le café est remplacé par du thé) directement dans la tasse. Elle apparaît dans des publicités de journaux sous le nom de «cafetière Parisienne».

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Première cafetière de Loysel, 1843 (source: « Archives INPI »)

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La Presse, 30 décembre 1843-12 janvier 1844 (source: « Gallica »)


Chose certaine, Loysel avait la bougeotte : il n’a jamais deux fois la même adresse sur les brevets, sûrement à la recherche de la meilleure occasion d’affaire ou du meilleur coup de publicité. Parti vivre en Angleterre en 1844, il y est naturalisé en 1849 et continue sur sa lancée. Il revient d’abord en 1853 avec une «cafetière Dubelloy perfectionnée» puis... la fameuse idée pour résoudre la quadrature du cercle : utiliser une nouvelle force pour l'extraction du café. Non pas encore une force mécanique mais la gravité ! L’eau amenée en hauteur pas la force de la pression de la vapeur est soumise alors à loi de Pascal: elle peut y rester chaude, en attente de l’extraction, qui se fera à force égale à celle de la vapeur qui l'a amené là-haut. Il suffisait d'y penser...

Le résultat donnait des cafetières aux proportions gigantesque qui n’étaient pas à la portée d’un petit ferblantier, mais typiques de l’aire industrielle naissante.

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Percolateur Hydrostatique de Loysel, 1853 (source: « Archives INPI »)

À cette idée lumineuse, Loysel ajoute un coup de marketing grandiose: son «percolateur hydrostatique» est présenté à l’exposition universelle de Paris… exposée et servant des cafés à 5 millions de visiteurs éblouis par l’invention. Dans la revue Cosmos (Tome 7, p.127-135, 1855), il est dit que l'appareil contient 2000 tasses et coûte 6000 francs, une petite fortune pour l'époque. Le café, lui, était servit 20 centimes la tasse.
Fort de son succès, ce percolateur est déplacé dès la fin de l’Exposition Universelle au café Frascati, rue Montmartre où il rencontre aussi un franc succès. Son succès continue ensuite au palais des omnibus, sur la place du Palais Royal (où le percolateur restera jusqu’en 1860). Après avoir fondé « la compagnie générale des Percolateurs de la Seine», il en fera construire d'autres exemplaires dont des plus petits formats et en vendra à travers toute la France.


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Établissement du Percolateur, Place du Palais-Royal, 1855

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La Presse, 8 et 21 février 1856 (source: « Gallica »)

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La Presse, 14 juillet 1856 – Le Figaro, 28 mai 1859 (source: « Gallica »)


À côté de ça...

La routine continue. L’année de l’exposition universelle, Jean Baptiste Antoine COUTANT, négociant à Paris (au 274, rue Saint-Honoré) présente un système de cafetière dite «Cafetière simplifiée» qui n’est autre qu’une Dubelloy avec de l’eau bouillante à disposition en tout temps dans la partie supérieure, prête à passer par l’ouverture d’un robinet. Le café passé se retrouve dans un autre compartiment de la partie inférieure et y est conservé au chaud par l’eau bouillante. Petit ajout ingénieux et simple à la toute première cafetière qui avait encore de beaux jours devant elle, y comprit dans les cafés.

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Cafetière de Coutant, 1855 (source: « Archives INPI »)

De même, Jean-Baptiste DAGAND (demeurant au 388 rue Saint Denis à Paris) et son «système d’appareils-cafetières propres à l’infusion du café par aspersion et retour d’eau», n’invente pas l’eau chaude. Même s’il prétend que ses « appareils-cafetières évitent tous les inconvénients des anciennes cafetières du commerce toutes basées du reste sur d’autres principes que les miens. Ces inconvénients sont principalement : un remontage difficile à chaque fois que l’on veut s’en servir, des dangers d’éclats pour les appareils en verre lesquels cassent si souvent, lenteur des opérations». Il ne propose rien d’autre qu’une cafetière de Laurens modernisée (avec indicateurs de niveau, s’il vous plaît). Sa cible sont les siphons, dont l’effet de mode était passé et qui commençaient à avoir mauvaise presse. La publicité, faisant du neuf avec du vieux était en marche… et ça non plus ça n’était pas près de changer.

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Cafetière de Dagand, 1855 (source: « Archives INPI »)


L’après Loysel

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La Presse, 18 mars 1860 (source: « Gallica »)

Loysel meurt en 1865 et la mauvaise publicité, pour lui aussi, va arriver plus tard. On en retrouve des fragments dans la presse qui rapporte plusieurs accidents et explosions de percolateurs, causées certainement par le vieillissement des appareils.

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La Presse, 4 juin 1895 (source: « Gallica »)

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Le Figaro, 10 janvier 1901-1e septembre 1910-24 décembre 1913 (source: « Gallica »)

Mais les jalons de l'expresso étaient posés et Loysel a laissé son nom dans l'histoire comme en étant le précurseur. Il est aussi et surtout celui qui a apposé le nom de «percolateur» à ces étranges machines, faisant à la demande du café en grande quantité.

À suivre...

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+ Source: « Archives INPI », avec leur aimable autorisation.

* Traité de « bœuf foulant un parterre de roses » par Mirabeau, l’édifice a été détruit en 1899 pour être remplacé par le petit et le grand palais pour l’Exposition Universelle de 1900.


Dernière édition par Pootoogoo le Jeu 06 Mar 2014, 18:13, édité 3 fois

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Message par rotchitos Lun 02 Déc 2013, 09:43

ben chapô pour la narration, les documents et les articles de presse. On s'y croirait drunken 
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Message par hbf11 Lun 02 Déc 2013, 13:31

Pootoogoo, merci pour ce dernier chapitre
Passionnant au point d'avoir oublié d'extraire mon ristretto ce matin tellement c 'est documenté
Les machines à siphon, avec leurt tailles , je ne connaissais pas !
Bravo pour ton travail king 
on suit parfaitement l'évolution de l'obtention du café . Ton travail est remarquable et ce d'autant plus qu'il est agrémenté de croquis explicatifs

Je n'ai qu'un souhait à formuler , vivement le chapitre suivant !!study
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Message par Skydarking Lun 02 Déc 2013, 15:19

Très beau travail, même si je n'ai pas encore tout lu.

Mais je ne résiste plus, je dois demander: Qu'est-ce que c'est que ce titre?? Fuir? fuir quoi?
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Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 Empty Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»

Message par cremoso Lun 02 Déc 2013, 16:11

la cafetière en argot c'est la tête. "fuir de la cafetière" (dans le sens avoir une fuite, pas s'enfuir) c'est être un peu fêlé, cinglé, barjot si tu préfères...

j'en profite pour remercier pootoogoo aussi, c'est passionnant à lire Smile 

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Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 Empty Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»

Message par Skydarking Lun 02 Déc 2013, 16:59

Ouf d'accord! Merci pour les explications, je comprends le jeu de mot.
Je n'avais jamais entendu l'expression.
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Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 Empty Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»

Message par pootoogoo Mer 01 Jan 2014, 17:57

De [a-] à [-zel], quatrième partie (1802-1858) : les insolites

Voilà, vous pensiez que le tour des 180 brevets français de l’INPI était bouclé, le chemin nous ayant bien conduit de [a-] Hadrot à [-zel] Loysel (en commençant par Denohe/Henrion/Rouch) avec des détours à l’étranger où se trouvent parfois des précurseurs aux inventions française. Cette période a été l’âge d’or de la cafetière, la France étant un des bastions de l’innovation en ayant appliqué à la préparation du café des techniques de la pharmacologie, de la chimie ou de la physique qui étaient alors en plein essor.
Avant de s’éloigner pour un temps du « Made in France », en route vers la « crema di caffè », je ne voulais pas quitter cette période sans mentionner des inventions insolites, plus ou moins loufoques que j’ai relevées au cours de cette revue des brevets.


Les automatiques

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Cafetière Durant, 1827 (source: « Archives INPI »)

Première mention spéciale à Nicolas-Félix DURANT (fabricant de Châlons-sur-Marne), qui en 1827, avec sa « cafetière dans laquelle l'eau bouillante s'élève, par l'expansion de la vapeur, de la partie inférieure à la partie supérieure, et dans laquelle, aussitôt que l'eau est élevée, la lampe à l'esprit de vin dont on se sert s'éteint tout-à-coup » est le concepteur de la toute première machine automatique (enfin son ancêtre).  

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 L6E2B7U
Cafetière Gandais, 1827 (source: « Archives INPI »).
Signalée comme étant importée d’Allemagne et fabriquée en Angleterre, elle est citée dans le brevet de Durant.


C’est une cafetière similaire à celle de Laurens (ou de Jacques-Augustin Gandais dont le brevet de 1827 est cité) mais qui n’a pas besoin d’intervention, une fois la cafetière partie. Elle est munie d’un tuyau interne (pour la montée de l’eau bouillante) et d’un système complexe d’auto-extinction de la lampe à esprit de vin en fin d’ébullition. Cette extinction est provoquée par un écoulement d’eau vers un contrepoids qui déclenche une gâchette à ressort et provoque à la fois la retombée de l’eau chaude sur le café et le rabattement du couvercle sur la lampe. Le moment du déclenchement est fonction de la position d’une clé sur laquelle on choisit le nombre de tasses.

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 N593s9S  Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 HuAM7lT +
Cafetière Capy, 1827 (source: « Archives INPI »)


Ce principe est repris la même année par Louis-François CAPY, ferblantier lampiste chez lequel Durant logeait (au 271, rue Saint-Denis à Paris) et cessionnaire de son brevet. Il propose un perfectionnement au brevet précédent avec des cafetières plus simples et une auto-extinction qui est déclenchée par l’élévation du contenant inférieur alors qu’il se vide de son eau (toujours par expansion de la vapeur). La partie supérieure de la cafetière est amovible et est utilisée seule pour servir le café.

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 TXcRZa4

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 U4HmsLo   Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 QEv2fiO+
Cafetière Bastien, 1842 (source: « Archives INPI »)

Le principe d’auto-extinction de la lampe à esprit de vin a été repris pour une cafetière à siphon de configuration horizontale très populaire. Ces cafetières sont appelées « cafetières à bascule » et ont un style reconnaissable entre tous. La configuration est identique à celle de Napier (un anglais qui a réalisé sa cafetière, semble-t-il, vers 1840... bien que les preuves manquent) ou de Jean-Claude BASTIEN (un tailleur de cristaux dont le brevet déposé en 1842 présente une cafetière à deux ballons sur un axe permettant de les dégager facilement du feu, mais qui n’est pas à siphon).

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 UHPmJLV  Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 Y0Tt92F+
Cafetière Gabet, 1844 (source: « Archives INPI »)


Au lieu d’être sur un axe horizontal fixe, les deux récipients sont liés par un système de bascule, de sorte que lorsque l’eau se vide du premier récipient par expansion de la vapeur, son élévation relâche un clapet qui coupe la lampe à esprit de vin. Avec le refroidissement, le café infusé dans le deuxième récipient retourne dans le premier (sur le principe de la cafetière à siphon), qui rebascule alors et signale la fin de la préparation. Ce type de cafetière est aussi appelée « Cafetière Gabet » car Adrien Emile François GABET est celui qui l’a inventée et popularisée, son brevet date de 1844.  

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Cette cafetière a eu beaucoup de succès et on en retrouve de nombreux exemplaires aujourd’hui. D’autres inventeurs tels que VASSIEUX (1846), FIORINI (1847), PHARANT (1848), SUBRA (1850), PENANT (1851), WATEAU (1851 et 1853), DAUDEVILLE (1852), TURMEL (1853), et ROUSSELLE/DANGLES (1855) avec leur « cafetière inexplosible en fer émaillé » ont proposé des modèles similaires. Ce principe a aussi été utilisé pour des cafetières originales en forme de locomotives à vapeur (Toselli, Italie, 1861 et Demazy, France, 1887).

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Autres cafetières qui peuvent être rangées dans les cafetières automatiques (du moins dans l’esprit), ce sont les « appareils propres à la préparation du café » d’Antoine-Joseph REYDEMORANDE qui propose en 1842 un appareil complet qui va de la torréfaction à la tasse.

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Cafetière Reymorande, 1842 (source: « Archives INPI »)



Les conceptions spéciales

Certaines cafetières ont un style à part et se reconnaissent au premier coup d’œil. C’est le cas de la « nouvelle cafetière » proposée par Alexandre LEBRUN en 1838. Elle est aussi originale dans sa conception car c’est une cafetière à vapeur (dans le style Caseneuve) inversée : la fermeture hermétique fait penser à une cocotte minute, le café est tassé par un filtre sur le bas de la cafetière qui est chauffée sur les côtés par un bain d’esprit de vin. Le café sort par un long tube verseur qui part du bas de la cafetière.

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Cafetière Lebrun, 1838 (source: « Archives INPI »)

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Ce style est tellement particulier qu’on le reconnaît tout de suite dans le brevet de perfectionnement déposé par Armand GOYOT en 1849 (intitulé « perfectionnements dans les cafetières dites à pression »).

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Cafetière Goyot, 1849 (source: « Archives INPI »)

Le style a aussi traversé l'Atlantique: il se retrouve dans un brevet US de Louis C. LOMER de 1875 («Improvement in coffee-pots», Brevet US172462).**

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Cafetière Lomer, 1875 (source: « USPTO »)



La description de la cafetière d’Adolphe DARRU de 1839 n’est pas très détaillée mais porte le titre très accrocheur de « nouvelle cafetière locomotive ». Elle pourrait être la toute première cafetière imitant la forme d’une locomotive (design qui a été utilisé beaucoup plus tard) et avait ce qui semble être un indicateur de niveau (avant Dausse donc).

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 M6DHNzf   Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 0MwFvuO+
Cafetière Darru, 1838 (source: « Archives INPI »)


Römershaussen avait proposé en 1816 d’utiliser une pompe à air et un principe de succion pour obtenir des extraits de substances végétales telles que le café.

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 NQreTkl  Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 VZsEyl8+
Cafetière Whitehead, 1840 (source: « Archives INPI »)

L’anglais John WHITEHEAD a été le premier en juin 1840 à déposer un brevet de cafetière fonctionnant sur ce principe en France sous le titre « appareil ou cafetière propre à produire des infusions immédiates de café, de thé, de quinquina, d'herbes et poudres médicinales ».

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Cafetière Tiesset/Moussiet-Fievre, 1840 (source: « Archives INPI »)

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Cafetière Tiesset, 1841 (source: « Archives INPI »)

Il a été suivi de très près par Auguste Alexandre TIESSET / René-Louis MOUSSIER-FIEVRE qui ont déposé leur « nouveau procédé de filtrage par le vide et à pression » en septembre de la même année. Ce brevet a été suivi d’un autre (par Tiesset seulement) en 1841 (« l'application d'un procédé de filtrage par le vide et à pression atmosphérique »).



Les pistons

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Cafetière Mayer/Delforge, 1852 (source: « Archives INPI »)

Les ancêtres de la cafetière à piston se trouvent en 1852 avec Henri-Otto MAYER / Jacques-Victor DELFORGE (« cafetière à pression et à filtrage instantanés ») et  1854 avec Jean-Honoré LAVIGNE (chapelier à Paris, « Système de cafetière »). Dans ces deux cas le café est enfermé dans un filtre descendu à l’aide d’un piston, ce qui n’est pas strictement identique au piston (« Bodum ») tel qu’on le connaît. Ce principe a l’air très simple mais cela a pris de nombreuses années avant que la technologie permette de fabriquer des cafetières assurant l’étanchéité du filtre descendant, qui plus est dans un récipient transparent (le « Bodum » danois n’est apparu que dans les années 1970).

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Cafetière Lavigne, 1854 (source: « Archives INPI »)



Les améliorations techniques

À part les grandes avancées technologiques sur le principe des cafetières elle-même, il est des petites trouvailles dignes de mention.

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Cafetière Doublet/Rouen, 1833 (source: « Archives INPI »)

Ainsi, la « cafetière perfectionnée » proposée en 1833 par Edouard DOUBLET et Pierre-Isidore ROUEN est la première à comporter une soupape de « sûreté », ajout qui sera bien utile pour toutes ces cafetières fonctionnant à l’aide de la vapeur et des qualités de métaux et des techniques de soudures qui n’étaient pas encore au point. La cafetière fonctionne sur le principe de Rabaut mais avec un montage plus simple et plus sécuritaire: en plus de la soupape de sécurité, la bouilloire présente un filtre supérieur maintenu par un ressort « à boudin » pressant sur la mouture. L’eau monte entre deux « gobelets » emboîtés l’un dans l’autre et passe sur la mouture pour produire le café. Il est mentionné que ces avancées permettent l’emploi d’une mouture plus fine, améliorant la qualité du café produit.


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Cafetière Dausse, 1843 (source: « Archives INPI »)

Le « genre de cafetière » de Joseph-Barthelémy-André-Amans DAUSSE est aussi digne de mention. Pas forcément pour ses talents de dessinateur mais parce que c’est un pharmacien reconnu (la boucle est ainsi bouclé avec Henrion et Descroizilles) et qu’en 1843, il est le premier à centrer son brevet sur un indicateur de niveau. Sa cafetière est de type Dubelloy et son « flotteur-compteur » permet de savoir quelle est la quantité de café restante. Son invention a été publicisé dans les journaux mais aussi présentée aux arts-et-métiers (Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale, 1844. N° 475-486, p. 231) et rapportée dans le Polytechnisches Journal (Band 94, Nr. XXXV. (S. 192–194), 1844).

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Cafetière Dausse, 1844 (source: « Polytechnisches Journal »)

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La Presse, 12 janvier et 14 février 1844 (source: « Gallica »)
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La Presse, 1845 (source: « Gallica »)

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Portrait d'Amans Dausse. †

Né à Rodez en 1799, Amans Dausse s'installe à Paris comme pharmacien en 1826 et se retrouve bientôt à la tête du plus gros laboratoire pharmaceutique de France. Il avait une passion certaine pour le café, en dehors de son brevet et de ses différents modèles de cafetières il a aussi déposé un brevet pour un torréfacteur en 1846 (le «Brûloir à café dit pondétorréfacteur») et publié la même année un petit livre très intéressant intitulé «Manuel de l’amateur du café».†  



Les félés

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Caricature d’Honoré Daumier, série Nomanes publiée dans Le charivari en 1841. *


Pour finir, quelques inventions un peu excentriques...

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Cafetière Jossi, 1835 (source: « Archives INPI »)

En 1835, Philippe-Antoine-Barthélemy JOSSI expose dans son brevet de « nouvelle cafetière » un dispositif très complexe pour le chauffage de l’eau : le « Caléfacteur à double action calorique par courant d’air intérieur ». On doit apparemment ce dispositif, utilisé dans la partie haute de la cafetière, au Dr Quenot.  La cafetière est en fait une DuBelloy où l’eau est chauffée par une flamme autour d’un récipient en forme de moule à Kouglof (le fameux caléfacteur) Lorsque l’eau est chaude, elle est envoyée sur la mouture par un tube mini d’un robinet. Un autre récipient peut même se placer au-dessus pour chauffer le lait en même temps. Pas sûr que le tout était très sécuritaire et ait connu un grand succès.

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Cafetière Wateau, 1853 (source: « Archives INPI »)

Enfin, Jules WATEAU dont l’invention était tellement décalées qu’elle fera l’objet d’un article dans « Le Journal pour rire ». Arrière-petit-neveu du peintre Joseph-Antoine Watteau (il a donc perdu un « t » dans l’arbre généalogique), il propose en 1853 l’ « application de boîtes à musique, timbres d'appel, réveils, sonneries, aux cafetières propres à faire le café ou le thé sur table, dites cafetières à esprit-de-vin ». Il utilise pour ça une cafetière à bascule, véritable emblème de ce milieu de siècle et y ajoute un automate associé au système d’extinction de la lampe.

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Le Journal pour Rire, 21 avril 1855 (source: « Gallica »)


Les cafetières, elles, n’étaient pas prêtes de s’éteindre...


À suivre...

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+ Source: « Archives INPI », avec leur aimable autorisation.

* On peut lire en bas : « L'Amateur de café - La demi-tasse devient aisément une seconde nature ; on trouve nombre de gens qui, comme l'amateur ci-dessus, se sont fait une règle immuable de prendre leur café, afin de faciliter la digestion, même lorsque leurs moyens ne leur permettent pas de dîner. Il est convenu que l'existence serait trop amère sans la chicorée. »

** Merci à Lucio Del Piccolo qui m'a envoyé, parmi des centaines d'autres, ce Brevet. Il est d'ailleurs l'heureux possesseur d'une cafetière Lebrun et a publié des photos d'une cafetière Goyot sur son blog (en italien).

Merci à Rémy Bellenger qui m'a chaleureusement contacté à propos de son arrière-arrière-arrière-grand-père (Amans Dausse), à qui il a consacré un site (www.bellenger.fr/Dausse/) avec différentes archives. On peut y trouver notamment le «Manuel de l’amateur du café», des images et photos de brevets et cafetières Dausse, ainsi que de nombreux document sur les laboratoires qu'il a fondé.


Dernière édition par Pootoogoo le Sam 01 Mar 2014, 13:57, édité 7 fois

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Message par pootoogoo Mer 01 Jan 2014, 18:01

Ben voilà... bonne année 1858 à tous !  cheers 

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Message par rotchitos Mer 01 Jan 2014, 21:43

toujours aussi captivant  study 
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Message par zeb Mer 01 Jan 2014, 21:50

Quel bon boulot génial merci ! Wink
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Message par vitam Sam 04 Jan 2014, 18:12

Liens intéressants, pour les brevets et notes de bas de page, bibilographies.

A lire en ligne
https://archive.org/details/ducafsonhistori00chevgoog
https://archive.org/details/dissertationsur00gassgoog

Et ceci, pour ses nuits blanches
https://archive.org/details/lavieprivedaut08franuoft


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Message par pootoogoo Sam 18 Jan 2014, 04:40

J'ai rajouté quelques compléments d'information sur la cafetière Lebrun (brevet US).
Je conseille aussi la lecture du dernier article de Lucio del Piccolo qui montre, sur son blog, de superbes photos d'une cafetière Goyot originale (sur Caffettiere e macchine da caffè).
Merci à lui... et à Rotchitos qui nous a mis en relation.  cheers

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Message par pootoogoo Sam 01 Mar 2014, 04:37

Fuir de la cafetière, les machines «Made in France» - Page 3 Dfvakeb

Contacté par Remy Bellenger, arrière-arrière-arrière-petit-fils d'Amans Dausse  farao , j'ai pu rajouter quelques détails à son propos dans la dernière partie.
Il a mené de nombreuses recherches sur son aïeul et rendu hommage à travers un site comprenant différentes archives, notamment le «Manuel de l’amateur du café» publié en 1846, et prépare lui-même un livre.
Merci à lui.  cheers

Ah, puis pour ceux qui l'aurait pas encore vue/lue, la suite est là : Du «café express» à la naissance de l’«espresso».  Wink 

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Message par vitam Sam 01 Mar 2014, 15:41

Beau travail Pootoogoo.

Si l'on essaie de remettre en perspective l'histoire du café, de l'expresso et des machines associées dans le contexte mouvant de l'époque, pour la France nous nous trouvons en pleine histoire napoléonienne, 1 2 et 3, le 1 et 3 ayant eu un impact non négligeable sur l'industrie française de l'époque.
Je vous invite à voir le documentaire sur Arte www.arte.tv/guide/fr/047575-000/la-statue-de-la-liberte sur l'histoire de la statue de la liberté, qui ne dit rien sur la café mais explique bien la façon de penser de l'époque et l'effervescence créative associée.
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Message par pootoogoo Lun 19 Jan 2015, 03:52

Bon, les amis, fallait que je partage quelque chose avec vous. Je pense pouvoir prendre ma retraite à présent, puisque j'ai réussi mon paris du départ: je viens de me rendre compte que Wikipedia a corrigé son article sur les cafetières... en citant bibi en référence. Cool

C'est quelqu'un d'ici ou quoi ? Ça fait chaud au cœur en tout cas. clin d'oeil

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