Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
De [a-] à [-zel], troisième partie (1844-1855) : le café « en grand »
Au XIXe le café s’est popularisé de façon considérable en France et les établissements le servant se sont multipliés, inquiétant même le pouvoir qui devait secrètement espérer que tout ce bas monde prenne sa tasse de café à la maison plutôt qu’en parlant politique au café du coin. Mais ce sont plutôt les lois de la nature qui allaient contre la production d’excellent café «en grand». La nécessité de « faire le meilleur, le plus vite possible et de la façon la plus économique » est une équation difficile à résoudre, quel que soit le produit auquel il se rapporte. C’est pourtant la solution à ce problème qui est au cœur des paramètres qui ont participé à la naissance de l’expresso.
Les technologies proposées alors ont bien répondu tant bien que mal au «faire le meilleur de façon économique» mais celles-ci n’étaient jamais rapides… et demandaient aux limonadiers de préparer la boisson à l’avance en la gardant au chaud, ce qui en dégrade les qualités.
- Dans le cas de l’infusion à la Dubelloy, il est possible d’avoir en attente de grandes quantités d’eau chaude mais l’infusion est lente.
- Dans le cas des cafetières à vapeur sur le principe des « cafetières italiennes », l’extraction est rapide mais attendre que l’eau arrive à ébullition est tout aussi long. Vu la qualité des métaux et des soudures à cette époque, laisser l’ébullition en attente de l’extraction dans une chaudière fermée, exposait à des risques d’explosion non négligeables.
Pour la troisième méthode d’extraction (les cafetières à siphon), le café était bien préparé (soit-disant) « à la minute » mais seulement « sur table », pour quelques tasses. Attendre l’ébullition était peut-être plus distrayant mais tout de même assez long (voir la caricature plus bas). De toute façon, il était impossible pour les cafés d’utiliser autant de cafetières que de clients…
Le Tintamare, 05 mars 1852 (source: « Gallica »)
Dans les faits, le développement des petites cafetières domestiques a certainement accéléré l’évolution de la préparation du café en grand, amenant au sein de la population une référence du bon café et rendant les clients plus exigeants. Finit le temps où on pouvait servir (littéralement) n’importe quel jus de chaussette ou faire passer de la chicorée pour du café… en tout cas auprès de certains, la boisson nationale étant quand même toujours le café au lait, et le café frelaté étant assez répandu.
L’Eclipse, 1877 (source: « Gallica »)
Les cafetières de Romershaussen et de Rabaut pouvait produire du café en grand, mais il n’est pas sûr que ces appareils aient été employés dans des établissements servant du café, leur configuration semblait plutôt faite pour un usage extérieur.
>1832<
Le premier à se préoccuper spécifiquement du café en grand dans les brevets français est Joseph-Patrice DU BOURG (résidant à Paris au 5, avenue des Champs-Élysées). « Jusqu’à ce jour, dans aucun pays, le caffé (sic) n’a été confectionné en grand et partout, dans les confections en petit, on a suivi des principes routiniers ». Ainsi débute son brevet de 1832 (octroyé pour dix ans, ce qui est rare à l’époque) intitulé « méthode de préparation en grand du café à la vapeur ». Son brevet ne comporte pas de dessin mais juste une description. L’installation utilise, « dans un laboratoire », un générateur de vapeur, qui pousse de l’eau à travers un appareil contenant le café avec des grilles des deux côtés et une tuile métallique pour retenir la poudre de café. Le café est récupéré dans une chaudière doublée de porcelaine ou de faïence en son intérieur (pour ne pas altérer le goût du café et le tenir au chaud sans qu’il atteigne l'ébullition) et est servi par un robinet. Il est annoncé qu’il est possible de produire une quantité énorme de café en peu de temps : 18 à 20,000 tasses en 15 à 21 min avec 150 kilos de café ou 150,000 tasses en moins de 9h ! Le but affiché est la distribution de café dans tous les quartiers d’une ville, ce qui se faisait encore au début du XXe par des marchand ambulants.
Vendeuse de café à Paris 1810)
Vendeuse de café à Paris vers 1900
Le soucis est un soucis d’économie : « Au moyen de cette invention la tasse de café au lait sucré, première qualité, qui se vend 60 centimes sera livrée au public à 15 centimes. La double tasse caffé Moka (1/4 de litre) sans lait, y compris le sucre rafiné à 13 cent. ½ »
Il en profite pour se plaindre au passage des « gros droits de douane sur les sucres et les caffés », mais conscient que cela pourrait jouer contre lui, il précise dans une note, qu’en considérant les droits perçus, «cette invention et sa propagation augmentera de plusieurs millions les revenus annuels de l’Etat».
+
>1838<
Pierre-Médard GAUDICHON, dans son brevet de 1838 intitulé « moyen propre à faire du café, sans ébullition ni évaporation, et pour obtenir de cette fève tout l’arôme qu’elle contient » présente la toute première machine à «capsule» (c’est le terme employé dans le brevet). Des capsules pour du café en grand ? Enfin, pas n’importe quelle capsule, elle est rechargeable et a une taille imposante. C’est en fait une cafetière Morize (sur le principe de la cafetière dite «napolitaine»), qui se retourne sur un grand vase en porcelaine muni d’un robinet. Dans son «observation essentielle », à la fin du brevet, il précise que « l’appareil pour M. M. les limonadiers est le même sur une plus grande échelle». Il y ajoute aussi un système pour que l’eau repasse sur le marc afin de préparer plus de café (beurk). Je me demande comment ils faisaient pour ne pas s’ébouillanter dans la manœuvre de retournement…
Cafetière de Gaudichon, 1838 (source: « Archives INPI »)
+
>1847<
L’appareil proposé par André GIRAUD (distillateur liquoriste à Paris, 43, rue du Faubourg-Poissonnière) en 1847, commence à ressembler franchement aux premières machines à café «Express». Son système dit «condensateur, appareil chimique, pour la préparation du café et du thé», se compose d’une cuve en cuivre de 8 à 9 litres de capacité (pour la «Demie grandeur»), chauffée au bois, qui envoie de l’eau dans deux «porte filtres cylindriques de la profondeur de 15cm et 11 de diamètre à double compartiment armé de trois filtres métalliques» situés de chaque côtés de la chaudière. L’eau poussée à travers ces filtres contenant la poudre de café (ou du thé) passe ensuite par un serpentin pour condenser les vapeurs aromatiques et est récupéré dans deux récipients de cristal gradués, munis de robinets. Ces récipient sont placés dans un vase à bain marie avant le service. Il est spécifié que l’appareil peut produire 50 tasses (d’un côté le thé et de l’autre le café) en 45 à 50 minutes et ne consomme que 4 à 5 centimes de chauffage.
Cafetière de Giraud, 1847 (source: « Archives INPI »)
+
>1855<
L’Exposition Universelle
Bâtiment principal de l’Exposition Universelle de Paris, 1855
1855 est l’année de la première exposition universelle française, à Paris. Un imposant bâtiment a été construit près des Champs-Élysées pour l’occasion, qui comprenait une très longue annexe (une verrière de 1.2km le long et 17m de hauteur le long de la Seine) accueillant la Galerie des machines.*
Plan du site de l’Exposition Universelle de Paris, 1855
C’est dans cette annexe que se trouvait le tout nouvel appareil de Loysel, appelé «percolateur hydrostatique».
Percolateur hydrostatique de Loysel dans sa version petit format, 1855
Loysel, de son nom complet Edouard LOYSEL DE LA LANTAIS, né en 1816 à Vannes, était fils et petit-fils d’ingénieur. Lui-même ingénieur, professeur de sciences naturelles et de mécanique il a à son actif de nombreuses publications et plusieurs brevets. Avec son sens développé des affaires, il a commencé par breveter l’un des tous premiers panneaux publicitaire (1839 et 1842 :«mode de publicité dit annonciateur universel»), puis une modification au jeu d’échec (1841 et 1843), sur les traces de son père qui avait inventé un jeu de société. Des produits pour toucher le grand public… tout comme ses nombreux brevets de cafetières.
Le concept de sa première cafetière est développé dans différents brevets. Le premier, de 1843, la décrit comme un «genre de cafetière». Il s’agit d’une cafetière basée sur le principe de la cafetière à siphon mais qui chauffe le lait au bain-marie en même temps que l’eau. Le robinet de sortie est à double conduit, de sorte que le lait et le café sont mélangés pour produire la boisson préférée des français (ou des anglais si le café est remplacé par du thé) directement dans la tasse. Elle apparaît dans des publicités de journaux sous le nom de «cafetière Parisienne».
+
Première cafetière de Loysel, 1843 (source: « Archives INPI »)
La Presse, 30 décembre 1843-12 janvier 1844 (source: « Gallica »)
Chose certaine, Loysel avait la bougeotte : il n’a jamais deux fois la même adresse sur les brevets, sûrement à la recherche de la meilleure occasion d’affaire ou du meilleur coup de publicité. Parti vivre en Angleterre en 1844, il y est naturalisé en 1849 et continue sur sa lancée. Il revient d’abord en 1853 avec une «cafetière Dubelloy perfectionnée» puis... la fameuse idée pour résoudre la quadrature du cercle : utiliser une nouvelle force pour l'extraction du café. Non pas encore une force mécanique mais la gravité ! L’eau amenée en hauteur pas la force de la pression de la vapeur est soumise alors à loi de Pascal: elle peut y rester chaude, en attente de l’extraction, qui se fera à force égale à celle de la vapeur qui l'a amené là-haut. Il suffisait d'y penser...
Le résultat donnait des cafetières aux proportions gigantesque qui n’étaient pas à la portée d’un petit ferblantier, mais typiques de l’aire industrielle naissante.
Percolateur Hydrostatique de Loysel, 1853 (source: « Archives INPI »)
À cette idée lumineuse, Loysel ajoute un coup de marketing grandiose: son «percolateur hydrostatique» est présenté à l’exposition universelle de Paris… exposée et servant des cafés à 5 millions de visiteurs éblouis par l’invention. Dans la revue Cosmos (Tome 7, p.127-135, 1855), il est dit que l'appareil contient 2000 tasses et coûte 6000 francs, une petite fortune pour l'époque. Le café, lui, était servit 20 centimes la tasse.
Fort de son succès, ce percolateur est déplacé dès la fin de l’Exposition Universelle au café Frascati, rue Montmartre où il rencontre aussi un franc succès. Son succès continue ensuite au palais des omnibus, sur la place du Palais Royal (où le percolateur restera jusqu’en 1860). Après avoir fondé « la compagnie générale des Percolateurs de la Seine», il en fera construire d'autres exemplaires dont des plus petits formats et en vendra à travers toute la France.
Établissement du Percolateur, Place du Palais-Royal, 1855
La Presse, 8 et 21 février 1856 (source: « Gallica »)
La Presse, 14 juillet 1856 – Le Figaro, 28 mai 1859 (source: « Gallica »)
À côté de ça...
La routine continue. L’année de l’exposition universelle, Jean Baptiste Antoine COUTANT, négociant à Paris (au 274, rue Saint-Honoré) présente un système de cafetière dite «Cafetière simplifiée» qui n’est autre qu’une Dubelloy avec de l’eau bouillante à disposition en tout temps dans la partie supérieure, prête à passer par l’ouverture d’un robinet. Le café passé se retrouve dans un autre compartiment de la partie inférieure et y est conservé au chaud par l’eau bouillante. Petit ajout ingénieux et simple à la toute première cafetière qui avait encore de beaux jours devant elle, y comprit dans les cafés.
Cafetière de Coutant, 1855 (source: « Archives INPI »)
De même, Jean-Baptiste DAGAND (demeurant au 388 rue Saint Denis à Paris) et son «système d’appareils-cafetières propres à l’infusion du café par aspersion et retour d’eau», n’invente pas l’eau chaude. Même s’il prétend que ses « appareils-cafetières évitent tous les inconvénients des anciennes cafetières du commerce toutes basées du reste sur d’autres principes que les miens. Ces inconvénients sont principalement : un remontage difficile à chaque fois que l’on veut s’en servir, des dangers d’éclats pour les appareils en verre lesquels cassent si souvent, lenteur des opérations». Il ne propose rien d’autre qu’une cafetière de Laurens modernisée (avec indicateurs de niveau, s’il vous plaît). Sa cible sont les siphons, dont l’effet de mode était passé et qui commençaient à avoir mauvaise presse. La publicité, faisant du neuf avec du vieux était en marche… et ça non plus ça n’était pas près de changer.
Cafetière de Dagand, 1855 (source: « Archives INPI »)
L’après Loysel
La Presse, 18 mars 1860 (source: « Gallica »)
Loysel meurt en 1865 et la mauvaise publicité, pour lui aussi, va arriver plus tard. On en retrouve des fragments dans la presse qui rapporte plusieurs accidents et explosions de percolateurs, causées certainement par le vieillissement des appareils.
La Presse, 4 juin 1895 (source: « Gallica »)
Le Figaro, 10 janvier 1901-1e septembre 1910-24 décembre 1913 (source: « Gallica »)
Mais les jalons de l'expresso étaient posés et Loysel a laissé son nom dans l'histoire comme en étant le précurseur. Il est aussi et surtout celui qui a apposé le nom de «percolateur» à ces étranges machines, faisant à la demande du café en grande quantité.
À suivre...
Retour au menu
+ Source: « Archives INPI », avec leur aimable autorisation.
* Traité de « bœuf foulant un parterre de roses » par Mirabeau, l’édifice a été détruit en 1899 pour être remplacé par le petit et le grand palais pour l’Exposition Universelle de 1900.
Au XIXe le café s’est popularisé de façon considérable en France et les établissements le servant se sont multipliés, inquiétant même le pouvoir qui devait secrètement espérer que tout ce bas monde prenne sa tasse de café à la maison plutôt qu’en parlant politique au café du coin. Mais ce sont plutôt les lois de la nature qui allaient contre la production d’excellent café «en grand». La nécessité de « faire le meilleur, le plus vite possible et de la façon la plus économique » est une équation difficile à résoudre, quel que soit le produit auquel il se rapporte. C’est pourtant la solution à ce problème qui est au cœur des paramètres qui ont participé à la naissance de l’expresso.
Les technologies proposées alors ont bien répondu tant bien que mal au «faire le meilleur de façon économique» mais celles-ci n’étaient jamais rapides… et demandaient aux limonadiers de préparer la boisson à l’avance en la gardant au chaud, ce qui en dégrade les qualités.
- Dans le cas de l’infusion à la Dubelloy, il est possible d’avoir en attente de grandes quantités d’eau chaude mais l’infusion est lente.
- Dans le cas des cafetières à vapeur sur le principe des « cafetières italiennes », l’extraction est rapide mais attendre que l’eau arrive à ébullition est tout aussi long. Vu la qualité des métaux et des soudures à cette époque, laisser l’ébullition en attente de l’extraction dans une chaudière fermée, exposait à des risques d’explosion non négligeables.
Pour la troisième méthode d’extraction (les cafetières à siphon), le café était bien préparé (soit-disant) « à la minute » mais seulement « sur table », pour quelques tasses. Attendre l’ébullition était peut-être plus distrayant mais tout de même assez long (voir la caricature plus bas). De toute façon, il était impossible pour les cafés d’utiliser autant de cafetières que de clients…
Le Tintamare, 05 mars 1852 (source: « Gallica »)
Dans les faits, le développement des petites cafetières domestiques a certainement accéléré l’évolution de la préparation du café en grand, amenant au sein de la population une référence du bon café et rendant les clients plus exigeants. Finit le temps où on pouvait servir (littéralement) n’importe quel jus de chaussette ou faire passer de la chicorée pour du café… en tout cas auprès de certains, la boisson nationale étant quand même toujours le café au lait, et le café frelaté étant assez répandu.
L’Eclipse, 1877 (source: « Gallica »)
Les cafetières de Romershaussen et de Rabaut pouvait produire du café en grand, mais il n’est pas sûr que ces appareils aient été employés dans des établissements servant du café, leur configuration semblait plutôt faite pour un usage extérieur.
>1832<
Le premier à se préoccuper spécifiquement du café en grand dans les brevets français est Joseph-Patrice DU BOURG (résidant à Paris au 5, avenue des Champs-Élysées). « Jusqu’à ce jour, dans aucun pays, le caffé (sic) n’a été confectionné en grand et partout, dans les confections en petit, on a suivi des principes routiniers ». Ainsi débute son brevet de 1832 (octroyé pour dix ans, ce qui est rare à l’époque) intitulé « méthode de préparation en grand du café à la vapeur ». Son brevet ne comporte pas de dessin mais juste une description. L’installation utilise, « dans un laboratoire », un générateur de vapeur, qui pousse de l’eau à travers un appareil contenant le café avec des grilles des deux côtés et une tuile métallique pour retenir la poudre de café. Le café est récupéré dans une chaudière doublée de porcelaine ou de faïence en son intérieur (pour ne pas altérer le goût du café et le tenir au chaud sans qu’il atteigne l'ébullition) et est servi par un robinet. Il est annoncé qu’il est possible de produire une quantité énorme de café en peu de temps : 18 à 20,000 tasses en 15 à 21 min avec 150 kilos de café ou 150,000 tasses en moins de 9h ! Le but affiché est la distribution de café dans tous les quartiers d’une ville, ce qui se faisait encore au début du XXe par des marchand ambulants.
Vendeuse de café à Paris 1810)
Vendeuse de café à Paris vers 1900
Le soucis est un soucis d’économie : « Au moyen de cette invention la tasse de café au lait sucré, première qualité, qui se vend 60 centimes sera livrée au public à 15 centimes. La double tasse caffé Moka (1/4 de litre) sans lait, y compris le sucre rafiné à 13 cent. ½ »
Il en profite pour se plaindre au passage des « gros droits de douane sur les sucres et les caffés », mais conscient que cela pourrait jouer contre lui, il précise dans une note, qu’en considérant les droits perçus, «cette invention et sa propagation augmentera de plusieurs millions les revenus annuels de l’Etat».
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>1838<
Pierre-Médard GAUDICHON, dans son brevet de 1838 intitulé « moyen propre à faire du café, sans ébullition ni évaporation, et pour obtenir de cette fève tout l’arôme qu’elle contient » présente la toute première machine à «capsule» (c’est le terme employé dans le brevet). Des capsules pour du café en grand ? Enfin, pas n’importe quelle capsule, elle est rechargeable et a une taille imposante. C’est en fait une cafetière Morize (sur le principe de la cafetière dite «napolitaine»), qui se retourne sur un grand vase en porcelaine muni d’un robinet. Dans son «observation essentielle », à la fin du brevet, il précise que « l’appareil pour M. M. les limonadiers est le même sur une plus grande échelle». Il y ajoute aussi un système pour que l’eau repasse sur le marc afin de préparer plus de café (beurk). Je me demande comment ils faisaient pour ne pas s’ébouillanter dans la manœuvre de retournement…
Cafetière de Gaudichon, 1838 (source: « Archives INPI »)
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>1847<
L’appareil proposé par André GIRAUD (distillateur liquoriste à Paris, 43, rue du Faubourg-Poissonnière) en 1847, commence à ressembler franchement aux premières machines à café «Express». Son système dit «condensateur, appareil chimique, pour la préparation du café et du thé», se compose d’une cuve en cuivre de 8 à 9 litres de capacité (pour la «Demie grandeur»), chauffée au bois, qui envoie de l’eau dans deux «porte filtres cylindriques de la profondeur de 15cm et 11 de diamètre à double compartiment armé de trois filtres métalliques» situés de chaque côtés de la chaudière. L’eau poussée à travers ces filtres contenant la poudre de café (ou du thé) passe ensuite par un serpentin pour condenser les vapeurs aromatiques et est récupéré dans deux récipients de cristal gradués, munis de robinets. Ces récipient sont placés dans un vase à bain marie avant le service. Il est spécifié que l’appareil peut produire 50 tasses (d’un côté le thé et de l’autre le café) en 45 à 50 minutes et ne consomme que 4 à 5 centimes de chauffage.
Cafetière de Giraud, 1847 (source: « Archives INPI »)
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>1855<
L’Exposition Universelle
Bâtiment principal de l’Exposition Universelle de Paris, 1855
1855 est l’année de la première exposition universelle française, à Paris. Un imposant bâtiment a été construit près des Champs-Élysées pour l’occasion, qui comprenait une très longue annexe (une verrière de 1.2km le long et 17m de hauteur le long de la Seine) accueillant la Galerie des machines.*
Plan du site de l’Exposition Universelle de Paris, 1855
C’est dans cette annexe que se trouvait le tout nouvel appareil de Loysel, appelé «percolateur hydrostatique».
Percolateur hydrostatique de Loysel dans sa version petit format, 1855
Loysel, de son nom complet Edouard LOYSEL DE LA LANTAIS, né en 1816 à Vannes, était fils et petit-fils d’ingénieur. Lui-même ingénieur, professeur de sciences naturelles et de mécanique il a à son actif de nombreuses publications et plusieurs brevets. Avec son sens développé des affaires, il a commencé par breveter l’un des tous premiers panneaux publicitaire (1839 et 1842 :«mode de publicité dit annonciateur universel»), puis une modification au jeu d’échec (1841 et 1843), sur les traces de son père qui avait inventé un jeu de société. Des produits pour toucher le grand public… tout comme ses nombreux brevets de cafetières.
Le concept de sa première cafetière est développé dans différents brevets. Le premier, de 1843, la décrit comme un «genre de cafetière». Il s’agit d’une cafetière basée sur le principe de la cafetière à siphon mais qui chauffe le lait au bain-marie en même temps que l’eau. Le robinet de sortie est à double conduit, de sorte que le lait et le café sont mélangés pour produire la boisson préférée des français (ou des anglais si le café est remplacé par du thé) directement dans la tasse. Elle apparaît dans des publicités de journaux sous le nom de «cafetière Parisienne».
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Première cafetière de Loysel, 1843 (source: « Archives INPI »)
La Presse, 30 décembre 1843-12 janvier 1844 (source: « Gallica »)
Chose certaine, Loysel avait la bougeotte : il n’a jamais deux fois la même adresse sur les brevets, sûrement à la recherche de la meilleure occasion d’affaire ou du meilleur coup de publicité. Parti vivre en Angleterre en 1844, il y est naturalisé en 1849 et continue sur sa lancée. Il revient d’abord en 1853 avec une «cafetière Dubelloy perfectionnée» puis... la fameuse idée pour résoudre la quadrature du cercle : utiliser une nouvelle force pour l'extraction du café. Non pas encore une force mécanique mais la gravité ! L’eau amenée en hauteur pas la force de la pression de la vapeur est soumise alors à loi de Pascal: elle peut y rester chaude, en attente de l’extraction, qui se fera à force égale à celle de la vapeur qui l'a amené là-haut. Il suffisait d'y penser...
Le résultat donnait des cafetières aux proportions gigantesque qui n’étaient pas à la portée d’un petit ferblantier, mais typiques de l’aire industrielle naissante.
Percolateur Hydrostatique de Loysel, 1853 (source: « Archives INPI »)
À cette idée lumineuse, Loysel ajoute un coup de marketing grandiose: son «percolateur hydrostatique» est présenté à l’exposition universelle de Paris… exposée et servant des cafés à 5 millions de visiteurs éblouis par l’invention. Dans la revue Cosmos (Tome 7, p.127-135, 1855), il est dit que l'appareil contient 2000 tasses et coûte 6000 francs, une petite fortune pour l'époque. Le café, lui, était servit 20 centimes la tasse.
Fort de son succès, ce percolateur est déplacé dès la fin de l’Exposition Universelle au café Frascati, rue Montmartre où il rencontre aussi un franc succès. Son succès continue ensuite au palais des omnibus, sur la place du Palais Royal (où le percolateur restera jusqu’en 1860). Après avoir fondé « la compagnie générale des Percolateurs de la Seine», il en fera construire d'autres exemplaires dont des plus petits formats et en vendra à travers toute la France.
Établissement du Percolateur, Place du Palais-Royal, 1855
La Presse, 8 et 21 février 1856 (source: « Gallica »)
La Presse, 14 juillet 1856 – Le Figaro, 28 mai 1859 (source: « Gallica »)
À côté de ça...
La routine continue. L’année de l’exposition universelle, Jean Baptiste Antoine COUTANT, négociant à Paris (au 274, rue Saint-Honoré) présente un système de cafetière dite «Cafetière simplifiée» qui n’est autre qu’une Dubelloy avec de l’eau bouillante à disposition en tout temps dans la partie supérieure, prête à passer par l’ouverture d’un robinet. Le café passé se retrouve dans un autre compartiment de la partie inférieure et y est conservé au chaud par l’eau bouillante. Petit ajout ingénieux et simple à la toute première cafetière qui avait encore de beaux jours devant elle, y comprit dans les cafés.
Cafetière de Coutant, 1855 (source: « Archives INPI »)
De même, Jean-Baptiste DAGAND (demeurant au 388 rue Saint Denis à Paris) et son «système d’appareils-cafetières propres à l’infusion du café par aspersion et retour d’eau», n’invente pas l’eau chaude. Même s’il prétend que ses « appareils-cafetières évitent tous les inconvénients des anciennes cafetières du commerce toutes basées du reste sur d’autres principes que les miens. Ces inconvénients sont principalement : un remontage difficile à chaque fois que l’on veut s’en servir, des dangers d’éclats pour les appareils en verre lesquels cassent si souvent, lenteur des opérations». Il ne propose rien d’autre qu’une cafetière de Laurens modernisée (avec indicateurs de niveau, s’il vous plaît). Sa cible sont les siphons, dont l’effet de mode était passé et qui commençaient à avoir mauvaise presse. La publicité, faisant du neuf avec du vieux était en marche… et ça non plus ça n’était pas près de changer.
Cafetière de Dagand, 1855 (source: « Archives INPI »)
L’après Loysel
La Presse, 18 mars 1860 (source: « Gallica »)
Loysel meurt en 1865 et la mauvaise publicité, pour lui aussi, va arriver plus tard. On en retrouve des fragments dans la presse qui rapporte plusieurs accidents et explosions de percolateurs, causées certainement par le vieillissement des appareils.
La Presse, 4 juin 1895 (source: « Gallica »)
Le Figaro, 10 janvier 1901-1e septembre 1910-24 décembre 1913 (source: « Gallica »)
Mais les jalons de l'expresso étaient posés et Loysel a laissé son nom dans l'histoire comme en étant le précurseur. Il est aussi et surtout celui qui a apposé le nom de «percolateur» à ces étranges machines, faisant à la demande du café en grande quantité.
À suivre...
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+ Source: « Archives INPI », avec leur aimable autorisation.
* Traité de « bœuf foulant un parterre de roses » par Mirabeau, l’édifice a été détruit en 1899 pour être remplacé par le petit et le grand palais pour l’Exposition Universelle de 1900.
Dernière édition par Pootoogoo le Jeu 06 Mar 2014, 18:13, édité 3 fois
pootoogoo- Admin
- Date d'inscription : 20/01/2012
Nombre de messages : 3593
Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
ben chapô pour la narration, les documents et les articles de presse. On s'y croirait
rotchitos- Date d'inscription : 05/12/2009
Machine à café : Eleveur de leviers
Broyeur : Mazzer kéké la praline
Nombre de messages : 4678
Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
Pootoogoo, merci pour ce dernier chapitre
Passionnant au point d'avoir oublié d'extraire mon ristretto ce matin tellement c 'est documenté
Les machines à siphon, avec leurt tailles , je ne connaissais pas !
Bravo pour ton travail
on suit parfaitement l'évolution de l'obtention du café . Ton travail est remarquable et ce d'autant plus qu'il est agrémenté de croquis explicatifs
Je n'ai qu'un souhait à formuler , vivement le chapitre suivant !!
Passionnant au point d'avoir oublié d'extraire mon ristretto ce matin tellement c 'est documenté
Les machines à siphon, avec leurt tailles , je ne connaissais pas !
Bravo pour ton travail
on suit parfaitement l'évolution de l'obtention du café . Ton travail est remarquable et ce d'autant plus qu'il est agrémenté de croquis explicatifs
Je n'ai qu'un souhait à formuler , vivement le chapitre suivant !!
hbf11- Date d'inscription : 04/04/2011
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
Très beau travail, même si je n'ai pas encore tout lu.
Mais je ne résiste plus, je dois demander: Qu'est-ce que c'est que ce titre?? Fuir? fuir quoi?
Mais je ne résiste plus, je dois demander: Qu'est-ce que c'est que ce titre?? Fuir? fuir quoi?
Skydarking- Date d'inscription : 24/10/2013
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
la cafetière en argot c'est la tête. "fuir de la cafetière" (dans le sens avoir une fuite, pas s'enfuir) c'est être un peu fêlé, cinglé, barjot si tu préfères...
j'en profite pour remercier pootoogoo aussi, c'est passionnant à lire
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cremoso- Date d'inscription : 13/06/2013
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
Ouf d'accord! Merci pour les explications, je comprends le jeu de mot.
Je n'avais jamais entendu l'expression.
Je n'avais jamais entendu l'expression.
Skydarking- Date d'inscription : 24/10/2013
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
De [a-] à [-zel], quatrième partie (1802-1858) : les insolites
Voilà, vous pensiez que le tour des 180 brevets français de l’INPI était bouclé, le chemin nous ayant bien conduit de [a-] Hadrot à [-zel] Loysel (en commençant par Denohe/Henrion/Rouch) avec des détours à l’étranger où se trouvent parfois des précurseurs aux inventions française. Cette période a été l’âge d’or de la cafetière, la France étant un des bastions de l’innovation en ayant appliqué à la préparation du café des techniques de la pharmacologie, de la chimie ou de la physique qui étaient alors en plein essor.
Avant de s’éloigner pour un temps du « Made in France », en route vers la « crema di caffè », je ne voulais pas quitter cette période sans mentionner des inventions insolites, plus ou moins loufoques que j’ai relevées au cours de cette revue des brevets.
Les automatiques
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Cafetière Durant, 1827 (source: « Archives INPI »)
Première mention spéciale à Nicolas-Félix DURANT (fabricant de Châlons-sur-Marne), qui en 1827, avec sa « cafetière dans laquelle l'eau bouillante s'élève, par l'expansion de la vapeur, de la partie inférieure à la partie supérieure, et dans laquelle, aussitôt que l'eau est élevée, la lampe à l'esprit de vin dont on se sert s'éteint tout-à-coup » est le concepteur de la toute première machine automatique (enfin son ancêtre).
Cafetière Gandais, 1827 (source: « Archives INPI »).
Signalée comme étant importée d’Allemagne et fabriquée en Angleterre, elle est citée dans le brevet de Durant.
C’est une cafetière similaire à celle de Laurens (ou de Jacques-Augustin Gandais dont le brevet de 1827 est cité) mais qui n’a pas besoin d’intervention, une fois la cafetière partie. Elle est munie d’un tuyau interne (pour la montée de l’eau bouillante) et d’un système complexe d’auto-extinction de la lampe à esprit de vin en fin d’ébullition. Cette extinction est provoquée par un écoulement d’eau vers un contrepoids qui déclenche une gâchette à ressort et provoque à la fois la retombée de l’eau chaude sur le café et le rabattement du couvercle sur la lampe. Le moment du déclenchement est fonction de la position d’une clé sur laquelle on choisit le nombre de tasses.
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Cafetière Capy, 1827 (source: « Archives INPI »)
Ce principe est repris la même année par Louis-François CAPY, ferblantier lampiste chez lequel Durant logeait (au 271, rue Saint-Denis à Paris) et cessionnaire de son brevet. Il propose un perfectionnement au brevet précédent avec des cafetières plus simples et une auto-extinction qui est déclenchée par l’élévation du contenant inférieur alors qu’il se vide de son eau (toujours par expansion de la vapeur). La partie supérieure de la cafetière est amovible et est utilisée seule pour servir le café.
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Cafetière Bastien, 1842 (source: « Archives INPI »)
Le principe d’auto-extinction de la lampe à esprit de vin a été repris pour une cafetière à siphon de configuration horizontale très populaire. Ces cafetières sont appelées « cafetières à bascule » et ont un style reconnaissable entre tous. La configuration est identique à celle de Napier (un anglais qui a réalisé sa cafetière, semble-t-il, vers 1840... bien que les preuves manquent) ou de Jean-Claude BASTIEN (un tailleur de cristaux dont le brevet déposé en 1842 présente une cafetière à deux ballons sur un axe permettant de les dégager facilement du feu, mais qui n’est pas à siphon).
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Cafetière Gabet, 1844 (source: « Archives INPI »)
Au lieu d’être sur un axe horizontal fixe, les deux récipients sont liés par un système de bascule, de sorte que lorsque l’eau se vide du premier récipient par expansion de la vapeur, son élévation relâche un clapet qui coupe la lampe à esprit de vin. Avec le refroidissement, le café infusé dans le deuxième récipient retourne dans le premier (sur le principe de la cafetière à siphon), qui rebascule alors et signale la fin de la préparation. Ce type de cafetière est aussi appelée « Cafetière Gabet » car Adrien Emile François GABET est celui qui l’a inventée et popularisée, son brevet date de 1844.
Cette cafetière a eu beaucoup de succès et on en retrouve de nombreux exemplaires aujourd’hui. D’autres inventeurs tels que VASSIEUX (1846), FIORINI (1847), PHARANT (1848), SUBRA (1850), PENANT (1851), WATEAU (1851 et 1853), DAUDEVILLE (1852), TURMEL (1853), et ROUSSELLE/DANGLES (1855) avec leur « cafetière inexplosible en fer émaillé » ont proposé des modèles similaires. Ce principe a aussi été utilisé pour des cafetières originales en forme de locomotives à vapeur (Toselli, Italie, 1861 et Demazy, France, 1887).
Autres cafetières qui peuvent être rangées dans les cafetières automatiques (du moins dans l’esprit), ce sont les « appareils propres à la préparation du café » d’Antoine-Joseph REYDEMORANDE qui propose en 1842 un appareil complet qui va de la torréfaction à la tasse.
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Cafetière Reymorande, 1842 (source: « Archives INPI »)
Les conceptions spéciales
Certaines cafetières ont un style à part et se reconnaissent au premier coup d’œil. C’est le cas de la « nouvelle cafetière » proposée par Alexandre LEBRUN en 1838. Elle est aussi originale dans sa conception car c’est une cafetière à vapeur (dans le style Caseneuve) inversée : la fermeture hermétique fait penser à une cocotte minute, le café est tassé par un filtre sur le bas de la cafetière qui est chauffée sur les côtés par un bain d’esprit de vin. Le café sort par un long tube verseur qui part du bas de la cafetière.
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Cafetière Lebrun, 1838 (source: « Archives INPI »)
Ce style est tellement particulier qu’on le reconnaît tout de suite dans le brevet de perfectionnement déposé par Armand GOYOT en 1849 (intitulé « perfectionnements dans les cafetières dites à pression »).
Cafetière Goyot, 1849 (source: « Archives INPI »)
Le style a aussi traversé l'Atlantique: il se retrouve dans un brevet US de Louis C. LOMER de 1875 («Improvement in coffee-pots», Brevet US172462).**
Cafetière Lomer, 1875 (source: « USPTO »)
La description de la cafetière d’Adolphe DARRU de 1839 n’est pas très détaillée mais porte le titre très accrocheur de « nouvelle cafetière locomotive ». Elle pourrait être la toute première cafetière imitant la forme d’une locomotive (design qui a été utilisé beaucoup plus tard) et avait ce qui semble être un indicateur de niveau (avant Dausse donc).
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Cafetière Darru, 1838 (source: « Archives INPI »)
Römershaussen avait proposé en 1816 d’utiliser une pompe à air et un principe de succion pour obtenir des extraits de substances végétales telles que le café.
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Cafetière Whitehead, 1840 (source: « Archives INPI »)
L’anglais John WHITEHEAD a été le premier en juin 1840 à déposer un brevet de cafetière fonctionnant sur ce principe en France sous le titre « appareil ou cafetière propre à produire des infusions immédiates de café, de thé, de quinquina, d'herbes et poudres médicinales ».
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Cafetière Tiesset/Moussiet-Fievre, 1840 (source: « Archives INPI »)
Cafetière Tiesset, 1841 (source: « Archives INPI »)
Il a été suivi de très près par Auguste Alexandre TIESSET / René-Louis MOUSSIER-FIEVRE qui ont déposé leur « nouveau procédé de filtrage par le vide et à pression » en septembre de la même année. Ce brevet a été suivi d’un autre (par Tiesset seulement) en 1841 (« l'application d'un procédé de filtrage par le vide et à pression atmosphérique »).
Les pistons
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Cafetière Mayer/Delforge, 1852 (source: « Archives INPI »)
Les ancêtres de la cafetière à piston se trouvent en 1852 avec Henri-Otto MAYER / Jacques-Victor DELFORGE (« cafetière à pression et à filtrage instantanés ») et 1854 avec Jean-Honoré LAVIGNE (chapelier à Paris, « Système de cafetière »). Dans ces deux cas le café est enfermé dans un filtre descendu à l’aide d’un piston, ce qui n’est pas strictement identique au piston (« Bodum ») tel qu’on le connaît. Ce principe a l’air très simple mais cela a pris de nombreuses années avant que la technologie permette de fabriquer des cafetières assurant l’étanchéité du filtre descendant, qui plus est dans un récipient transparent (le « Bodum » danois n’est apparu que dans les années 1970).
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Cafetière Lavigne, 1854 (source: « Archives INPI »)
Les améliorations techniques
À part les grandes avancées technologiques sur le principe des cafetières elle-même, il est des petites trouvailles dignes de mention.
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Cafetière Doublet/Rouen, 1833 (source: « Archives INPI »)
Ainsi, la « cafetière perfectionnée » proposée en 1833 par Edouard DOUBLET et Pierre-Isidore ROUEN est la première à comporter une soupape de « sûreté », ajout qui sera bien utile pour toutes ces cafetières fonctionnant à l’aide de la vapeur et des qualités de métaux et des techniques de soudures qui n’étaient pas encore au point. La cafetière fonctionne sur le principe de Rabaut mais avec un montage plus simple et plus sécuritaire: en plus de la soupape de sécurité, la bouilloire présente un filtre supérieur maintenu par un ressort « à boudin » pressant sur la mouture. L’eau monte entre deux « gobelets » emboîtés l’un dans l’autre et passe sur la mouture pour produire le café. Il est mentionné que ces avancées permettent l’emploi d’une mouture plus fine, améliorant la qualité du café produit.
+
Cafetière Dausse, 1843 (source: « Archives INPI »)
Le « genre de cafetière » de Joseph-Barthelémy-André-Amans DAUSSE est aussi digne de mention. Pas forcément pour ses talents de dessinateur mais parce que c’est un pharmacien reconnu (la boucle est ainsi bouclé avec Henrion et Descroizilles) et qu’en 1843, il est le premier à centrer son brevet sur un indicateur de niveau. Sa cafetière est de type Dubelloy et son « flotteur-compteur » permet de savoir quelle est la quantité de café restante. Son invention a été publicisé dans les journaux mais aussi présentée aux arts-et-métiers (Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale, 1844. N° 475-486, p. 231) et rapportée dans le Polytechnisches Journal (Band 94, Nr. XXXV. (S. 192–194), 1844).
Cafetière Dausse, 1844 (source: « Polytechnisches Journal »)
La Presse, 12 janvier et 14 février 1844 (source: « Gallica »)
La Presse, 1845 (source: « Gallica »)
Portrait d'Amans Dausse. †
Né à Rodez en 1799, Amans Dausse s'installe à Paris comme pharmacien en 1826 et se retrouve bientôt à la tête du plus gros laboratoire pharmaceutique de France. Il avait une passion certaine pour le café, en dehors de son brevet et de ses différents modèles de cafetières il a aussi déposé un brevet pour un torréfacteur en 1846 (le «Brûloir à café dit pondétorréfacteur») et publié la même année un petit livre très intéressant intitulé «Manuel de l’amateur du café».†
Les félés
Caricature d’Honoré Daumier, série Nomanes publiée dans Le charivari en 1841. *
Pour finir, quelques inventions un peu excentriques...
+
Cafetière Jossi, 1835 (source: « Archives INPI »)
En 1835, Philippe-Antoine-Barthélemy JOSSI expose dans son brevet de « nouvelle cafetière » un dispositif très complexe pour le chauffage de l’eau : le « Caléfacteur à double action calorique par courant d’air intérieur ». On doit apparemment ce dispositif, utilisé dans la partie haute de la cafetière, au Dr Quenot. La cafetière est en fait une DuBelloy où l’eau est chauffée par une flamme autour d’un récipient en forme de moule à Kouglof (le fameux caléfacteur) Lorsque l’eau est chaude, elle est envoyée sur la mouture par un tube mini d’un robinet. Un autre récipient peut même se placer au-dessus pour chauffer le lait en même temps. Pas sûr que le tout était très sécuritaire et ait connu un grand succès.
+
Cafetière Wateau, 1853 (source: « Archives INPI »)
Enfin, Jules WATEAU dont l’invention était tellement décalées qu’elle fera l’objet d’un article dans « Le Journal pour rire ». Arrière-petit-neveu du peintre Joseph-Antoine Watteau (il a donc perdu un « t » dans l’arbre généalogique), il propose en 1853 l’ « application de boîtes à musique, timbres d'appel, réveils, sonneries, aux cafetières propres à faire le café ou le thé sur table, dites cafetières à esprit-de-vin ». Il utilise pour ça une cafetière à bascule, véritable emblème de ce milieu de siècle et y ajoute un automate associé au système d’extinction de la lampe.
Le Journal pour Rire, 21 avril 1855 (source: « Gallica »)
Les cafetières, elles, n’étaient pas prêtes de s’éteindre...
À suivre...
Retour au menu
+ Source: « Archives INPI », avec leur aimable autorisation.
* On peut lire en bas : « L'Amateur de café - La demi-tasse devient aisément une seconde nature ; on trouve nombre de gens qui, comme l'amateur ci-dessus, se sont fait une règle immuable de prendre leur café, afin de faciliter la digestion, même lorsque leurs moyens ne leur permettent pas de dîner. Il est convenu que l'existence serait trop amère sans la chicorée. »
** Merci à Lucio Del Piccolo qui m'a envoyé, parmi des centaines d'autres, ce Brevet. Il est d'ailleurs l'heureux possesseur d'une cafetière Lebrun et a publié des photos d'une cafetière Goyot sur son blog (en italien).
† Merci à Rémy Bellenger qui m'a chaleureusement contacté à propos de son arrière-arrière-arrière-grand-père (Amans Dausse), à qui il a consacré un site (www.bellenger.fr/Dausse/) avec différentes archives. On peut y trouver notamment le «Manuel de l’amateur du café», des images et photos de brevets et cafetières Dausse, ainsi que de nombreux document sur les laboratoires qu'il a fondé.
Voilà, vous pensiez que le tour des 180 brevets français de l’INPI était bouclé, le chemin nous ayant bien conduit de [a-] Hadrot à [-zel] Loysel (en commençant par Denohe/Henrion/Rouch) avec des détours à l’étranger où se trouvent parfois des précurseurs aux inventions française. Cette période a été l’âge d’or de la cafetière, la France étant un des bastions de l’innovation en ayant appliqué à la préparation du café des techniques de la pharmacologie, de la chimie ou de la physique qui étaient alors en plein essor.
Avant de s’éloigner pour un temps du « Made in France », en route vers la « crema di caffè », je ne voulais pas quitter cette période sans mentionner des inventions insolites, plus ou moins loufoques que j’ai relevées au cours de cette revue des brevets.
Les automatiques
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Cafetière Durant, 1827 (source: « Archives INPI »)
Première mention spéciale à Nicolas-Félix DURANT (fabricant de Châlons-sur-Marne), qui en 1827, avec sa « cafetière dans laquelle l'eau bouillante s'élève, par l'expansion de la vapeur, de la partie inférieure à la partie supérieure, et dans laquelle, aussitôt que l'eau est élevée, la lampe à l'esprit de vin dont on se sert s'éteint tout-à-coup » est le concepteur de la toute première machine automatique (enfin son ancêtre).
Cafetière Gandais, 1827 (source: « Archives INPI »).
Signalée comme étant importée d’Allemagne et fabriquée en Angleterre, elle est citée dans le brevet de Durant.
C’est une cafetière similaire à celle de Laurens (ou de Jacques-Augustin Gandais dont le brevet de 1827 est cité) mais qui n’a pas besoin d’intervention, une fois la cafetière partie. Elle est munie d’un tuyau interne (pour la montée de l’eau bouillante) et d’un système complexe d’auto-extinction de la lampe à esprit de vin en fin d’ébullition. Cette extinction est provoquée par un écoulement d’eau vers un contrepoids qui déclenche une gâchette à ressort et provoque à la fois la retombée de l’eau chaude sur le café et le rabattement du couvercle sur la lampe. Le moment du déclenchement est fonction de la position d’une clé sur laquelle on choisit le nombre de tasses.
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Cafetière Capy, 1827 (source: « Archives INPI »)
Ce principe est repris la même année par Louis-François CAPY, ferblantier lampiste chez lequel Durant logeait (au 271, rue Saint-Denis à Paris) et cessionnaire de son brevet. Il propose un perfectionnement au brevet précédent avec des cafetières plus simples et une auto-extinction qui est déclenchée par l’élévation du contenant inférieur alors qu’il se vide de son eau (toujours par expansion de la vapeur). La partie supérieure de la cafetière est amovible et est utilisée seule pour servir le café.
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Cafetière Bastien, 1842 (source: « Archives INPI »)
Le principe d’auto-extinction de la lampe à esprit de vin a été repris pour une cafetière à siphon de configuration horizontale très populaire. Ces cafetières sont appelées « cafetières à bascule » et ont un style reconnaissable entre tous. La configuration est identique à celle de Napier (un anglais qui a réalisé sa cafetière, semble-t-il, vers 1840... bien que les preuves manquent) ou de Jean-Claude BASTIEN (un tailleur de cristaux dont le brevet déposé en 1842 présente une cafetière à deux ballons sur un axe permettant de les dégager facilement du feu, mais qui n’est pas à siphon).
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Cafetière Gabet, 1844 (source: « Archives INPI »)
Au lieu d’être sur un axe horizontal fixe, les deux récipients sont liés par un système de bascule, de sorte que lorsque l’eau se vide du premier récipient par expansion de la vapeur, son élévation relâche un clapet qui coupe la lampe à esprit de vin. Avec le refroidissement, le café infusé dans le deuxième récipient retourne dans le premier (sur le principe de la cafetière à siphon), qui rebascule alors et signale la fin de la préparation. Ce type de cafetière est aussi appelée « Cafetière Gabet » car Adrien Emile François GABET est celui qui l’a inventée et popularisée, son brevet date de 1844.
Cette cafetière a eu beaucoup de succès et on en retrouve de nombreux exemplaires aujourd’hui. D’autres inventeurs tels que VASSIEUX (1846), FIORINI (1847), PHARANT (1848), SUBRA (1850), PENANT (1851), WATEAU (1851 et 1853), DAUDEVILLE (1852), TURMEL (1853), et ROUSSELLE/DANGLES (1855) avec leur « cafetière inexplosible en fer émaillé » ont proposé des modèles similaires. Ce principe a aussi été utilisé pour des cafetières originales en forme de locomotives à vapeur (Toselli, Italie, 1861 et Demazy, France, 1887).
Autres cafetières qui peuvent être rangées dans les cafetières automatiques (du moins dans l’esprit), ce sont les « appareils propres à la préparation du café » d’Antoine-Joseph REYDEMORANDE qui propose en 1842 un appareil complet qui va de la torréfaction à la tasse.
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Cafetière Reymorande, 1842 (source: « Archives INPI »)
Les conceptions spéciales
Certaines cafetières ont un style à part et se reconnaissent au premier coup d’œil. C’est le cas de la « nouvelle cafetière » proposée par Alexandre LEBRUN en 1838. Elle est aussi originale dans sa conception car c’est une cafetière à vapeur (dans le style Caseneuve) inversée : la fermeture hermétique fait penser à une cocotte minute, le café est tassé par un filtre sur le bas de la cafetière qui est chauffée sur les côtés par un bain d’esprit de vin. Le café sort par un long tube verseur qui part du bas de la cafetière.
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Cafetière Lebrun, 1838 (source: « Archives INPI »)
Ce style est tellement particulier qu’on le reconnaît tout de suite dans le brevet de perfectionnement déposé par Armand GOYOT en 1849 (intitulé « perfectionnements dans les cafetières dites à pression »).
Cafetière Goyot, 1849 (source: « Archives INPI »)
Le style a aussi traversé l'Atlantique: il se retrouve dans un brevet US de Louis C. LOMER de 1875 («Improvement in coffee-pots», Brevet US172462).**
Cafetière Lomer, 1875 (source: « USPTO »)
La description de la cafetière d’Adolphe DARRU de 1839 n’est pas très détaillée mais porte le titre très accrocheur de « nouvelle cafetière locomotive ». Elle pourrait être la toute première cafetière imitant la forme d’une locomotive (design qui a été utilisé beaucoup plus tard) et avait ce qui semble être un indicateur de niveau (avant Dausse donc).
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Cafetière Darru, 1838 (source: « Archives INPI »)
Römershaussen avait proposé en 1816 d’utiliser une pompe à air et un principe de succion pour obtenir des extraits de substances végétales telles que le café.
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Cafetière Whitehead, 1840 (source: « Archives INPI »)
L’anglais John WHITEHEAD a été le premier en juin 1840 à déposer un brevet de cafetière fonctionnant sur ce principe en France sous le titre « appareil ou cafetière propre à produire des infusions immédiates de café, de thé, de quinquina, d'herbes et poudres médicinales ».
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Cafetière Tiesset/Moussiet-Fievre, 1840 (source: « Archives INPI »)
Cafetière Tiesset, 1841 (source: « Archives INPI »)
Il a été suivi de très près par Auguste Alexandre TIESSET / René-Louis MOUSSIER-FIEVRE qui ont déposé leur « nouveau procédé de filtrage par le vide et à pression » en septembre de la même année. Ce brevet a été suivi d’un autre (par Tiesset seulement) en 1841 (« l'application d'un procédé de filtrage par le vide et à pression atmosphérique »).
Les pistons
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Cafetière Mayer/Delforge, 1852 (source: « Archives INPI »)
Les ancêtres de la cafetière à piston se trouvent en 1852 avec Henri-Otto MAYER / Jacques-Victor DELFORGE (« cafetière à pression et à filtrage instantanés ») et 1854 avec Jean-Honoré LAVIGNE (chapelier à Paris, « Système de cafetière »). Dans ces deux cas le café est enfermé dans un filtre descendu à l’aide d’un piston, ce qui n’est pas strictement identique au piston (« Bodum ») tel qu’on le connaît. Ce principe a l’air très simple mais cela a pris de nombreuses années avant que la technologie permette de fabriquer des cafetières assurant l’étanchéité du filtre descendant, qui plus est dans un récipient transparent (le « Bodum » danois n’est apparu que dans les années 1970).
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Cafetière Lavigne, 1854 (source: « Archives INPI »)
Les améliorations techniques
À part les grandes avancées technologiques sur le principe des cafetières elle-même, il est des petites trouvailles dignes de mention.
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Cafetière Doublet/Rouen, 1833 (source: « Archives INPI »)
Ainsi, la « cafetière perfectionnée » proposée en 1833 par Edouard DOUBLET et Pierre-Isidore ROUEN est la première à comporter une soupape de « sûreté », ajout qui sera bien utile pour toutes ces cafetières fonctionnant à l’aide de la vapeur et des qualités de métaux et des techniques de soudures qui n’étaient pas encore au point. La cafetière fonctionne sur le principe de Rabaut mais avec un montage plus simple et plus sécuritaire: en plus de la soupape de sécurité, la bouilloire présente un filtre supérieur maintenu par un ressort « à boudin » pressant sur la mouture. L’eau monte entre deux « gobelets » emboîtés l’un dans l’autre et passe sur la mouture pour produire le café. Il est mentionné que ces avancées permettent l’emploi d’une mouture plus fine, améliorant la qualité du café produit.
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Cafetière Dausse, 1843 (source: « Archives INPI »)
Le « genre de cafetière » de Joseph-Barthelémy-André-Amans DAUSSE est aussi digne de mention. Pas forcément pour ses talents de dessinateur mais parce que c’est un pharmacien reconnu (la boucle est ainsi bouclé avec Henrion et Descroizilles) et qu’en 1843, il est le premier à centrer son brevet sur un indicateur de niveau. Sa cafetière est de type Dubelloy et son « flotteur-compteur » permet de savoir quelle est la quantité de café restante. Son invention a été publicisé dans les journaux mais aussi présentée aux arts-et-métiers (Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale, 1844. N° 475-486, p. 231) et rapportée dans le Polytechnisches Journal (Band 94, Nr. XXXV. (S. 192–194), 1844).
Cafetière Dausse, 1844 (source: « Polytechnisches Journal »)
La Presse, 12 janvier et 14 février 1844 (source: « Gallica »)
La Presse, 1845 (source: « Gallica »)
Portrait d'Amans Dausse. †
Né à Rodez en 1799, Amans Dausse s'installe à Paris comme pharmacien en 1826 et se retrouve bientôt à la tête du plus gros laboratoire pharmaceutique de France. Il avait une passion certaine pour le café, en dehors de son brevet et de ses différents modèles de cafetières il a aussi déposé un brevet pour un torréfacteur en 1846 (le «Brûloir à café dit pondétorréfacteur») et publié la même année un petit livre très intéressant intitulé «Manuel de l’amateur du café».†
Les félés
Caricature d’Honoré Daumier, série Nomanes publiée dans Le charivari en 1841. *
Pour finir, quelques inventions un peu excentriques...
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Cafetière Jossi, 1835 (source: « Archives INPI »)
En 1835, Philippe-Antoine-Barthélemy JOSSI expose dans son brevet de « nouvelle cafetière » un dispositif très complexe pour le chauffage de l’eau : le « Caléfacteur à double action calorique par courant d’air intérieur ». On doit apparemment ce dispositif, utilisé dans la partie haute de la cafetière, au Dr Quenot. La cafetière est en fait une DuBelloy où l’eau est chauffée par une flamme autour d’un récipient en forme de moule à Kouglof (le fameux caléfacteur) Lorsque l’eau est chaude, elle est envoyée sur la mouture par un tube mini d’un robinet. Un autre récipient peut même se placer au-dessus pour chauffer le lait en même temps. Pas sûr que le tout était très sécuritaire et ait connu un grand succès.
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Cafetière Wateau, 1853 (source: « Archives INPI »)
Enfin, Jules WATEAU dont l’invention était tellement décalées qu’elle fera l’objet d’un article dans « Le Journal pour rire ». Arrière-petit-neveu du peintre Joseph-Antoine Watteau (il a donc perdu un « t » dans l’arbre généalogique), il propose en 1853 l’ « application de boîtes à musique, timbres d'appel, réveils, sonneries, aux cafetières propres à faire le café ou le thé sur table, dites cafetières à esprit-de-vin ». Il utilise pour ça une cafetière à bascule, véritable emblème de ce milieu de siècle et y ajoute un automate associé au système d’extinction de la lampe.
Le Journal pour Rire, 21 avril 1855 (source: « Gallica »)
Les cafetières, elles, n’étaient pas prêtes de s’éteindre...
À suivre...
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+ Source: « Archives INPI », avec leur aimable autorisation.
* On peut lire en bas : « L'Amateur de café - La demi-tasse devient aisément une seconde nature ; on trouve nombre de gens qui, comme l'amateur ci-dessus, se sont fait une règle immuable de prendre leur café, afin de faciliter la digestion, même lorsque leurs moyens ne leur permettent pas de dîner. Il est convenu que l'existence serait trop amère sans la chicorée. »
** Merci à Lucio Del Piccolo qui m'a envoyé, parmi des centaines d'autres, ce Brevet. Il est d'ailleurs l'heureux possesseur d'une cafetière Lebrun et a publié des photos d'une cafetière Goyot sur son blog (en italien).
† Merci à Rémy Bellenger qui m'a chaleureusement contacté à propos de son arrière-arrière-arrière-grand-père (Amans Dausse), à qui il a consacré un site (www.bellenger.fr/Dausse/) avec différentes archives. On peut y trouver notamment le «Manuel de l’amateur du café», des images et photos de brevets et cafetières Dausse, ainsi que de nombreux document sur les laboratoires qu'il a fondé.
Dernière édition par Pootoogoo le Sam 01 Mar 2014, 13:57, édité 7 fois
_________________
« Le savoir est le seul bien qui augmente quand on le partage »
« Ce n'est qu'en essayant continuellement que l'on finit par réussir.
Autrement dit : plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. »
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
Ben voilà... bonne année 1858 à tous !
_________________
« Le savoir est le seul bien qui augmente quand on le partage »
« Ce n'est qu'en essayant continuellement que l'on finit par réussir.
Autrement dit : plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. »
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
toujours aussi captivant
rotchitos- Date d'inscription : 05/12/2009
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
Quel bon boulot génial merci !
zeb- Admin
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
Liens intéressants, pour les brevets et notes de bas de page, bibilographies.
A lire en ligne
https://archive.org/details/ducafsonhistori00chevgoog
https://archive.org/details/dissertationsur00gassgoog
Et ceci, pour ses nuits blanches
https://archive.org/details/lavieprivedaut08franuoft
A lire en ligne
https://archive.org/details/ducafsonhistori00chevgoog
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Dernière édition par vitam le Sam 04 Jan 2014, 18:32, édité 2 fois (Raison : p)
vitam- Date d'inscription : 26/12/2013
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
J'ai rajouté quelques compléments d'information sur la cafetière Lebrun (brevet US).
Je conseille aussi la lecture du dernier article de Lucio del Piccolo qui montre, sur son blog, de superbes photos d'une cafetière Goyot originale (sur Caffettiere e macchine da caffè).
Merci à lui... et à Rotchitos qui nous a mis en relation.
Je conseille aussi la lecture du dernier article de Lucio del Piccolo qui montre, sur son blog, de superbes photos d'une cafetière Goyot originale (sur Caffettiere e macchine da caffè).
Merci à lui... et à Rotchitos qui nous a mis en relation.
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« Le savoir est le seul bien qui augmente quand on le partage »
« Ce n'est qu'en essayant continuellement que l'on finit par réussir.
Autrement dit : plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. »
pootoogoo- Admin
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
Contacté par Remy Bellenger, arrière-arrière-arrière-petit-fils d'Amans Dausse , j'ai pu rajouter quelques détails à son propos dans la dernière partie.
Il a mené de nombreuses recherches sur son aïeul et rendu hommage à travers un site comprenant différentes archives, notamment le «Manuel de l’amateur du café» publié en 1846, et prépare lui-même un livre.
Merci à lui.
Ah, puis pour ceux qui l'aurait pas encore vue/lue, la suite est là : Du «café express» à la naissance de l’«espresso».
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pootoogoo- Admin
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
Beau travail Pootoogoo.
Si l'on essaie de remettre en perspective l'histoire du café, de l'expresso et des machines associées dans le contexte mouvant de l'époque, pour la France nous nous trouvons en pleine histoire napoléonienne, 1 2 et 3, le 1 et 3 ayant eu un impact non négligeable sur l'industrie française de l'époque.
Je vous invite à voir le documentaire sur Arte www.arte.tv/guide/fr/047575-000/la-statue-de-la-liberte sur l'histoire de la statue de la liberté, qui ne dit rien sur la café mais explique bien la façon de penser de l'époque et l'effervescence créative associée.
Si l'on essaie de remettre en perspective l'histoire du café, de l'expresso et des machines associées dans le contexte mouvant de l'époque, pour la France nous nous trouvons en pleine histoire napoléonienne, 1 2 et 3, le 1 et 3 ayant eu un impact non négligeable sur l'industrie française de l'époque.
Je vous invite à voir le documentaire sur Arte www.arte.tv/guide/fr/047575-000/la-statue-de-la-liberte sur l'histoire de la statue de la liberté, qui ne dit rien sur la café mais explique bien la façon de penser de l'époque et l'effervescence créative associée.
vitam- Date d'inscription : 26/12/2013
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
Bon, les amis, fallait que je partage quelque chose avec vous. Je pense pouvoir prendre ma retraite à présent, puisque j'ai réussi mon paris du départ: je viens de me rendre compte que Wikipedia a corrigé son article sur les cafetières... en citant bibi en référence.
C'est quelqu'un d'ici ou quoi ? Ça fait chaud au cœur en tout cas.
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pootoogoo- Admin
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
Juste récompense
Tu as le lien de l'article ?
Tu as le lien de l'article ?
zeb- Admin
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
Bibi président!!
dynamos- Date d'inscription : 04/12/2010
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
J'avais déjà mis le lien plus haut.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cafeti%C3%A8re
(Ref. 3, modif effectuée en juin 2014) C'est pas l'article du siècle, reste encore pas mal d'approximations dedans. Et puis, il me semble avoir vu quelque part que l'on ne pouvait pas citer de blog en référence. C'était pas si compliqué de citer directement ma propre source.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cafeti%C3%A8re
(Ref. 3, modif effectuée en juin 2014) C'est pas l'article du siècle, reste encore pas mal d'approximations dedans. Et puis, il me semble avoir vu quelque part que l'on ne pouvait pas citer de blog en référence. C'était pas si compliqué de citer directement ma propre source.
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pootoogoo- Admin
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
Heu ? Kekidi ?
Au contraire, en cas de posts équivalents sur différentes adresses, afin que Google ne pénalise pas les deux adresses, il faut qu'elles se citent réciproquement pour montrer la filiation. Si je pique ton boulot sans te citer, quand Google tombe sur le "duplicat content" il va descendre les 2 pages dans ses résultats. Comme je ne te vole pas je signifie la légitimité du doublon en te citant, tu en fais de même et voilà.
Au contraire, en cas de posts équivalents sur différentes adresses, afin que Google ne pénalise pas les deux adresses, il faut qu'elles se citent réciproquement pour montrer la filiation. Si je pique ton boulot sans te citer, quand Google tombe sur le "duplicat content" il va descendre les 2 pages dans ses résultats. Comme je ne te vole pas je signifie la légitimité du doublon en te citant, tu en fais de même et voilà.
zeb- Admin
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
« il me semble avoir vu quelque part que l'on ne pouvait pas citer de blog en référence »
je parlais des règles de Wikipédia.
Pour le lien Blog-Forum, c'est ce que j'ai fait du côté Blog (faut faire les deux ?).
je parlais des règles de Wikipédia.
Pour le lien Blog-Forum, c'est ce que j'ai fait du côté Blog (faut faire les deux ?).
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pootoogoo- Admin
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
Normalement l'aller retour c'est mieux
zeb- Admin
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
Salut @pootoogoo , que sais tu des machines de la marque Celemex , ainsi que Imperial ? Je ne trouve pas de posts à leurs sujet, et d'après ce que j'ai compris Celemex était fabriqué à Lyon, il y a une annonce qui traîne sur lbc, sacrée gueules pour ces bécanes des deux marques en tous cas !
une impérial et une celemex sur cette page de blog, sans infos:
https://frederik58.wordpress.com/
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elvice2000- Date d'inscription : 13/01/2016
Machine à café : robot
Broyeur : pharos
Nombre de messages : 6694
Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
A part les lieux de production de ces marques (Lyon pour Celemex et Asnières pour Imperial), je n'ai pas grand chose... Je n'ai pas vraiment approfondi la question mais j'ai pas l'impression qu'il y ait des masses de documents, seulement quelques pièces de collection (comme pour Arom et Gica, deux autres marques de Lyon).
Des marques qui n'ont pas survécu à l'arrivée des leviers.
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pootoogoo- Admin
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
ah oui, ces fameux leviers...
elvice2000- Date d'inscription : 13/01/2016
Machine à café : robot
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Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
Il y a eu un groupe levier chez Arom.
zeb- Admin
- Date d'inscription : 01/03/2010
Age : 53
Nombre de messages : 10928
Re: Fuir de la cafetière, les machines «Made in France»
Oui je le connais aussi.
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pootoogoo- Admin
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