Las cafeteras españolas
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Las cafeteras españolas
Il y a une joie incomparable à mettre à jour des trésors oubliés. Lorsque parmi les milliers de brins de la botte, on trouve enfin l’aiguille. Pour certains ce sont les objets eux-mêmes, pour moi ce sont tout simplement les traces de leur existence. Le sentiment est encore plus fort lorsque l’on est entrainé par des chemins détournés vers des territoires totalement insoupçonnés... en dehors de la botte, justement.
Vincent m’avait parlé il y a longtemps d’un El Dorado plus au sud... et ce n’est que récemment (après que Lucio ait relayé un lien vers la collection Iberital) que j’ai mesuré l’importance de la remarque. Exposées dans un musée, des dizaines de machines totalement inconnues, couvrant plusieurs décennies d’une histoire espagnole riche en créateurs et en acteurs de l’expresso. Si l’on connait aujourd’hui Pavoni, Bezzera et Gaggia... qui connait Oyarzun, Soler et Jornet ? Et c’est bien cela qui m’a attiré.
Après, tout n’est qu’une question de mots, de bons mots clés mis ensemble...
Au menu:
1.«Oyarzun y Compania (1/2)»
2.«Oyarzun y Compania (2/2)»
3.«Vázquez del Saz (1/3)»
4.«Vázquez del Saz (2/3)»
5.«Vázquez del Saz (3/3)»
6. ...
Vincent m’avait parlé il y a longtemps d’un El Dorado plus au sud... et ce n’est que récemment (après que Lucio ait relayé un lien vers la collection Iberital) que j’ai mesuré l’importance de la remarque. Exposées dans un musée, des dizaines de machines totalement inconnues, couvrant plusieurs décennies d’une histoire espagnole riche en créateurs et en acteurs de l’expresso. Si l’on connait aujourd’hui Pavoni, Bezzera et Gaggia... qui connait Oyarzun, Soler et Jornet ? Et c’est bien cela qui m’a attiré.
Après, tout n’est qu’une question de mots, de bons mots clés mis ensemble...
Au menu:
1.«Oyarzun y Compania (1/2)»
2.«Oyarzun y Compania (2/2)»
3.«Vázquez del Saz (1/3)»
4.«Vázquez del Saz (2/3)»
5.«Vázquez del Saz (3/3)»
6. ...
Dernière édition par pootoogoo le Sam 28 Fév 2015, 04:31, édité 2 fois
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Autrement dit : plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. »
pootoogoo- Admin
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Re: Las cafeteras españolas
Oyarzun y Compania (1/2)
Don Román Oyarzun en 1932
Don Román Oyarzun en 1932
Ayant débuté dans la vente de tracteurs Avery, Don Román Oyarzun fonde la maison Oyarzun (R. Oyarzun y Cia) à Madrid le 21 janvier 1921. Il est spécialisé dans la vente d’équipement pour l’industrie alimentaire (épiceries, restauration, etc.). Il commence avec la marque Toledo, qui fabrique des balances de précision, puis devient importateur exclusif de la marque Hobart qui produit des malaxeurs, hachoirs, etc... mais aussi et surtout, des moulins à café.
Annonce du 29/5/1921, journal ABC.
Publicité du 20/10/1922 journal ABC.
Son activité établie dans ce domaine l’amène naturellement à devenir le représentant exclusif des nouvelles cafetières Express de La Pavoni, puis de Snider pour l’Espagne, et ce dès 1925.
Publicité du 27/05/1925 journal ABC.
Publicité du 05/12/1925 journal ABC.
Ainsi, on retrouve le poinçon « Oyarzun » sur des machines devenues de véritables pièces de musée.
Poinçon « Productos Oyarzun » sur le dessus du groupe d’une Pavoni modèle « Ideale »
En 1933, une filiale voit le jour au Portugal basée à Lisbonne et nommée «R. Oyarzun Limitada». Avec des succursales à Barcelone, Oviedo (puis Séville) et Bilbao, la compagnie étend encore son activité et devient la première entreprise à proposer les frigos «Kelvinator» sur le marché.
Articles du 21/05/1925 et 21/06/1929, journal ABC.
Publicité du 15/07/1933, journal ABC.
La même année, l’entreprise semble séparer ses activités puisqu’elle se présente sous différentes marques : «Oyarzun» pour la vente de balances et «Productos Oyarzun » pour les machines à café.
Enregistrement des marques au Bulletin Officiel de la Propriété Intellectuelle, 1933 et 1934.
Publicité du 30/05/1933, journal LVG.
Changement notable en 1933-1935, Oyarzun dépose plusieurs brevets pour le contrôle de température sur les chaudières. Deux pour un dispositif utilisant la réfrigération pour baisser la température de sortie des machines à café express (brevet d’introduction ES136899 et d’invention ES137027 en 1935) et un présentant un dispositif thermo-électrique pour le chauffage de cafetières express (brevet d’invention ES153705 en 1933). Oyarzun se lance alors dans la production de ses premiers modèles «maison» tout en continuant d’offrir les modèles Pavoni et Snider.
Enregistrement d’invention 2.242 au Bulletin Officiel de la Propriété Intellectuelle, 1934 (correspondant au numéro de brevet d’invention ES153705, « Dispositivo termoeléctrico aplicable a las cafeteras exprés »).
Publicité du 4/10/1935, journal ABC.
Mateo Zapata opérant la première cafetière express d’Ubrique au bar Barrera, 1948.*selon toute vraisemblance, une Oyarzun modèle «Rapid»
Publicité du 16/6/1936, journal LVG.
Comme pour une partie des balances de précision, l'entreprise qui importait d'abord des marques a fini par déposer ses propres brevets et présenter ses propres modèles. Interrompues par la guerre, les activités reprennent dès 1944 avec le dépôt d’un autre brevet (d’introduction) relié au chauffage de chaudière de cafetière express gigantesque, au gaz cette fois-ci... et horizontale.
Brevet d’introduction Oyarzun ES165493 de 1944, « Mejoras en la construccion de calderas para cafeteras expres ».
Cette époque correspond à l’apparition d’un nouveau style de machine, aux formes de plus en plus carrées (comme le modèle « Imperial » de la collection Iberital) allant jusqu’à des formes aux allures de temple grec.
Machine Oyarzun de la collection Iberital, modèle « Imperial » (détail d'une photo de David Barra).
Machine Oyarzun, modèle du début des années 50 (contrairement à ce qui est dit dans la légende).
Publicité du 23/3/1952, journal ABC.
Enregistrement du brevet 22.232 au Bulletin Officiel de la Propriété Intellectuelle, « Cafetera familiar », 1950. (Le brevet sera finalement refusé l’année suivante).
Même si un brevet pour une cafetière familiale est déposé par Oyarzun en 1950, sa production est vraiment tournée vers l’équipement pour hôtels et bars. Lorsque les machines à levier arrivent sur le marché espagnol, Oyarzun se positionne tout de suite en misant sur Victoria Arduino.
À suivre...
_____________________________À suivre...
*Photos : El blog de Ocurris, La primeras cafeteras exprés de Ubrique
Dernière édition par pootoogoo le Lun 05 Jan 2015, 00:22, édité 2 fois
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Re: Las cafeteras españolas
(ça veut tout dire)
Et merci!
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Re: Las cafeteras españolas
Oyarzun y Compania (2/2)
Publicité du 12/6/1953, journal LVG.
Publicité du 17/12/1953, journal LVG.
Publicité du 12/6/1953, journal LVG.
Publicité du 17/12/1953, journal LVG.
« Enfin ! », c’est ce que dit l’annonce du nouveau groupe levier vendu par Oyarzun en 1953. Enfin, la « crema de café » « sin vapor » (exactement les termes publicitaires qu’utilise Gaggia depuis près d’un an sur le marché espagnol). « Por fin! », c’est ce qu’a dû s’exclamer Román Oyarzun en s’associant avec Victoria Arduino pour l’utilisation de leur groupe « Duplex », lui qui n’avait pas été choisi pour la distribution des « Classic » sur la péninsule ibérique et qui voyait ses parts de marché s’effondrer. Le « Grupo Duplex » est la carte dans la manche d’Oyarzun, profitant directement du travail d’une maison établie dans ce domaine (Pier Teresio Arduino de Turin, fait parti des premiers constructeurs de machines express), il est tout de suite dans la course. Ce groupe est exactement le même que celui de la série ‘Vat’ (comme la Supervat restaurée par Paul Pratt).
Publicité Arduino vantant les modèles Vat et le « Gruppi Duplex »
Le brevet original d’Arduino étant férocement gardé par les archives italiennes (mes bons amis de l’ACS ), c’est un bonheur de trouver le brevet d’introduction déposé en Espagne par Oyarzun peu de temps après, car il doit être très proche de celui d’Arduino. Il permet de mieux comprendre le principe de ce groupe « Duplex » et l’utilité de la proéminence caractéristique en avant du groupe. Il s’agit, en quelque sorte, d’une chambre de préinfusion. Lorsque le piston est remonté (en abaissant le levier), la chambre du groupe ne se remplit pas tout de suite. Ce n’est qu’au moment où la vis du levier vient toucher l’axe qui dépasse de la chambre de préinfusion qu’une valve d’entrée ouvre et laisse passer l’eau arrivant de la chaudière ; d'abord du pourtour du groupe à la chambre de préinfusion puis de celle-ci à la chambre du piston. Cela permet d’avoir une eau légèrement moins chaude et qui arrive avec moins de force sur la galette de café.
Brevet Oyarzun ES211150 de 1953, «Mejoras en la construccion de cafeteras multiples».
Quelques années avant ce brevet, Oyarzun avait présenté un brevet d’introduction pour un moulin commercial qui avait de quoi faire pâlir un Mazzer (un modèle de SCAI-Italia).
Brevet d’introduction Oyarzun ES197728 de 1951, «Mejoras en la construccion de molinos dosificadores».
Ce couple moulin/machine lui permet donc d’offrir l’équipement complet à tout hôtel ou bar désireux d’offrir à sa clientèle la nouvelle façon de préparer le café, soit le procédé sans vapeur, la crème de café (en rupture avec le café « Express » et donc pas encore baptisé «espresso»).
Publicité du 7/1/1954, journal ABC.
Sergio Puente Agüeria devant une machine Oyarzun six groupes du café Oriental de Gijón, vers 1955.**
Oyarzun 2 groupes « Duplex », fin des années 1950
La nouvelle gamme de machines est offerte en 2 groupes et même jusqu’à 6 groupes comme en témoignent les différentes publicités et la photo prise au café l’Oriental de Gijón dans les années 50. On retrouve de nos jours quelques-unes de ces machines, souvent confondues avec des Victoria Arduino.
Publicité du 26/4/1954, journal ABC.
Publicité du 7/6/1955, journal ABC.
Dans les années qui suivent, quelques améliorations sont apportées au moulin et deux nouveaux groupes leviers sont présentés, comme on peut le voir sur les brevets déposés.
Brevet d’invention Oyarzun ES219372 de 1955, «Molino electrico dosificador de cafe».
Brevet d’introduction Oyarzun ES219370 de 1956, «Una cafetera expres».
Brevet d’introduction Oyarzun ES234886 de 1957, «Un grupo para cafeteras expres».
Au début des années 60, nouvelle transition qui a coûté si cher à de nombreux fabricants : l’arrivée des groupes automatiques. Modernité oblige, Oyarzun se lance aussi dans l’aventure... mais de la même façon qu’il l’a fait jusque-là : en s’associant avec une autre marque de prestige. Cette fois c’est La Cimbali qui apporte son savoir technique et ses machines en Espagne, profitant du réseau de distribution de l’entreprise Oyarzun y Cia.
Salle d’exposition Oyarzun - La Cimbali – Birecba (balances de précision) à Madrid (au 4, Calle Arlaban), début des années 1960.
L’entreprise espagnole continue d’associer ses moulins à la vente de machines automatiques de marque La Cimbali... et il semble que ce soit la fin des machines espresso construites par Oyarzun.
Publicité du 25/10/1961, journal ABC.
Publicité du 7/10/1961, journal ABC.
Peut-être avait-il compris que les machines automatiques étaient un pari bien trop risqué, toujours est-il qu’Oyarzun n’a jamais apposé directement son nom à ce type de machine mais a plutôt mis de l’avant le nom de La Cimbali (en collaboration étroite tout de même car l’entreprise a installé son siège à la même adresse qu’Oyarzun). L’entreprise R. Oyarzun y Cia semble avoir survécu à son créateur puisqu’elle est encore enregistrée aujourd’hui à l’adresse originale du 8, (10 et/ou 12) Paseo Imperial à Madrid (de même que «Máquinas de Café La Cimbali» d’ailleurs).
Tout au long de son histoire, l’entreprise a misé sur la qualité et la robustesse, pas étonnant que la majorité des entreprises avec lesquelles elle s’est associé (Pavoni, Victoria Arduino, La Cimbali pour le café) existent encore aujourd’hui.
C'est en tout cas un incontournable de l'histoire espagnole de l'expresso, le fait que si peu d'hommages existait à son sujet était une véritable injustice (la première du moins ).
Chapeau bas monsieur Oyarzun.
Tout au long de son histoire, l’entreprise a misé sur la qualité et la robustesse, pas étonnant que la majorité des entreprises avec lesquelles elle s’est associé (Pavoni, Victoria Arduino, La Cimbali pour le café) existent encore aujourd’hui.
C'est en tout cas un incontournable de l'histoire espagnole de l'expresso, le fait que si peu d'hommages existait à son sujet était une véritable injustice (la première du moins ).
Chapeau bas monsieur Oyarzun.
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Merci à Mikaël Janvier qui m’a indiqué comment différencier invention et introduction sur les brevets espagnols et m’a amené vers les archives de LaVanguardia.
** Photo : El blog de acebedo, «El viejo cafetón desaparecido en Gijón, "El café Oriental"»
Dernière édition par pootoogoo le Lun 05 Jan 2015, 04:30, édité 3 fois (Raison : Quelques corrección...)
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Re: Las cafeteras españolas
chapeau bas monsieur pootoo pour le talent de tes recherches et de pouvoir nous narrer de telles histoires !
rotchitos- Date d'inscription : 05/12/2009
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Re: Las cafeteras españolas
Les grands personnages laissent toujours de grandes empreintes derrière eux... mais parfois ces empreintes s'effacent ou se dispersent à tel point que l'on perd leurs traces.
Qu'est-ce qui fait qu'on se souvient d'untel plutôt qu'un autre? Qu'est-ce qui fait que l'on retrouve telle machine et pas une autre ? Le nombre aide beaucoup, mais cela ne suffit pas (je suis même sûr qu'une seule relique, préservée par une seule personne bienveillante, peut parfois resurgir du passé et déformer la réalité de son importance historique) c'est en tout cas la leçon de cette nouvelle histoire.
Le personnage dont je vais vous parler, connu par quelques siphaquakhaophile (je vous laisse chercher celui-là ) mais complètement inconnu du monde du café. Il est seulement cité par Ian Bersten, parmi d'autres, dans son livre de référence. Rien de plus.
Heureusement, les archives espagnoles permettent de trouver tout un tas de petits cailloux et en les rassemblant, en les triant par taille et par couleur, en les mettant bout à bout... apparait l'histoire d'un nom hors du commun et un bout de l'Espagne du siècle dernier.
Un de ses premier brevet était pour un système appelé «Phénix»... le voilà donc renaissant de ses cendres.
Qu'est-ce qui fait qu'on se souvient d'untel plutôt qu'un autre? Qu'est-ce qui fait que l'on retrouve telle machine et pas une autre ? Le nombre aide beaucoup, mais cela ne suffit pas (je suis même sûr qu'une seule relique, préservée par une seule personne bienveillante, peut parfois resurgir du passé et déformer la réalité de son importance historique) c'est en tout cas la leçon de cette nouvelle histoire.
Le personnage dont je vais vous parler, connu par quelques siphaquakhaophile (je vous laisse chercher celui-là ) mais complètement inconnu du monde du café. Il est seulement cité par Ian Bersten, parmi d'autres, dans son livre de référence. Rien de plus.
Heureusement, les archives espagnoles permettent de trouver tout un tas de petits cailloux et en les rassemblant, en les triant par taille et par couleur, en les mettant bout à bout... apparait l'histoire d'un nom hors du commun et un bout de l'Espagne du siècle dernier.
Un de ses premier brevet était pour un système appelé «Phénix»... le voilà donc renaissant de ses cendres.
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Re: Las cafeteras españolas
Vázquez del Saz (1/3)
Adrián Vázquez del Saz est un industriel ambitieux. En 1900 il est directeur à Madrid (au 8 de la rue Ventura de la Vega) d’une fabrique de bouteilles pour gazéificateurs, siphons d’eau de Seltz et autres boissons à bulles très en vogue dans les bars de cette époque.
Annonce de «La Jarezena», fabrique de bouteilles, El Heraldo de Madrid 6 mars 1900.
Appareil pour la gazéification de liquides et caisse de siphons.1
Il fonde son entreprise à deux pas de cette première adresse (entre la Puerta del Sol et le musée du Prado), au 13 de la rue Zorrilla où, non content de fabriquer les bouteilles il construit aussi les machines qui servent à les remplir de gaz carbonique sous pression. Son activité florissante lui vaut un article dans l’«Heraldo de la Industria» de mai 1902, où on parle du «Malmandier», machine lui servant à préparer des cidres et des champagnes. Les illustrations montrent différentes autres machines, certaines exclusives à la fabrique, permettant de produire de 2500 à 4500 bouteilles par jour à la main et jusqu’à 6000 avec moteur.
Fabrique espagnole de bouteilles gazéifiées vers 1900.2
Article du Heraldo de la Industria, N. 42 p.9, 15 mai 1902.
Les noms de ses machines : «Ideal», «Triunfo», «Expréss» et «Campéon» sont étrangement familiers pour un amateur de machines à café… c’est que ses principaux clients sont des bars ou des cafés, qui nécessitent des installations grandioses pour satisfaire cette nouvelle demande. De gros cylindres sous pression (de 6 à 7 bars pour les siphons) et bientôt de l’eau sous pression avec l’arrivée des machines à café Express (Moriondo a construit la première en 1884, apportée en Espagne par Molinari et Bezzera vient tout juste d’assembler la sienne).
Les fabricants de siphons se sont-ils inspirés des créateurs de machines à café Express ou est-ce l’inverse? Est-ce que ce ne sont pas les mêmes finalement ? Bezzera était un fabriquant de liqueurs et Moriondo était lui-même non seulement propriétaire de bar, mais fils et petit-fils d’un liquoriste. Ce n’est certainement pas qu’un hasard.
Les fabricants de siphons se sont-ils inspirés des créateurs de machines à café Express ou est-ce l’inverse? Est-ce que ce ne sont pas les mêmes finalement ? Bezzera était un fabriquant de liqueurs et Moriondo était lui-même non seulement propriétaire de bar, mais fils et petit-fils d’un liquoriste. Ce n’est certainement pas qu’un hasard.
Installation du bar Alegria de Madrid en 1911, le siphon au premier plan est une installation de Vázquez del Saz.3
Les connaissances techniques requises pour fabriquer les gazéificateurs et les machines à café sont très similaires et s’adressent à la même clientèle… il était donc tout naturel que Vázquez del Saz finisse par s’intéresser aux cafetières express.
Enregistrement du nom Vázquez del Saz en 1905.*
Comme en témoigne un article de presse, il déménage encore en 1906 et s’installe dans de nouveaux ateliers, plus au nord, au 51 de la rue Zurbano (dans le quartier de Chamberi, près du nouvel Hippodrome qui n’existe plus aujourd’hui). Un vaste atelier qui accueillait précédemment une entreprise de matériel électrique jumelée à une entreprise automobile (fabriquant des voitures à vapeur, au pétrole, mais aussi électriques). Cette nouvelle adresse portera son nom pour une bonne partie du siècle, en commençant par «A. Vázquez del Saz | Constructor – Madrid» (enregistré comme marque de commerce en 1905 sous le numéro 16.650).
Annonce pour les «Talleres Electromecánicos» qui occupaient le 51 de la rue Zurbano (journal Gente vieja, 10 août 1902).
Les premières adresses de Vázquez del Saz sur une vue aérienne de 1900 : 1. Calle Ventura de la Vega, 8 | 2. Calle Zorrilla, 13 | 3. Calle Zurbano, 51
El Heraldo de Madrid, 30 octobre 1906.
Dépôt de brevet pour une tête de siphon,* 1906 et têtes de siphon marquées « Vázquez del Saz, Zurbano 51».
Dépôt de brevet pour le gazéificateur «Hispania»,* 1907 et article d’El Heraldo de Madrid du 26 septembre 1911.
Après deux brevets pour des têtes de siphon et un gazéificateur nommé «Hispania», Adrián Vázquez del Saz en arrive au sujet qui nous intéresse et non le moindre… un brevet d’introduction pour une «Un procédé pour préparer instantanément le café sous forme de boisson et toutes sortes de boissons chaudes» («Un procedimiento para preparar y servir instantáneamente el café en bebida y toda clase de líquidos calientes»).
Dépôt de brevet d’introduction pour une machine à café (1909).*
Le titre en évoque un autre, déposé un peu plus tôt en Italie. Même si les noms de Bezerra ou de Pavoni ne sont pas mentionnés dans le brevet, les dessins et le nom de l’invention ne laissent aucun doute : il s’agit bien de la même machine à café.
Dessins du brevet d’introduction 45.476 d’Adrián Vazuez del Saz, « Un procedimiento para preparar y servir instantáneamente el café en bebida y toda clase de líquidos calientes », 11/05/1909.*
À peine quelques années après les brevets de Bezzera et Pavoni, et plus de 15 ans avant Oyarzun, l’«Ideal» arrive donc en Espagne et va être produite en grand, car Vázquez del Saz va contruire ces machines dans ses ateliers.
Sur la description du brevet, on lit que l’ouverture circulaire dans le bas de l’appareil n’est pas une question esthétique, mais l’endroit où se glisse le brûleur à gaz servant à chauffer la bouilloire. Celle-ci est munie d’une valve de surpression (sur le sommet), d’un niveau d’eau et d’un manomètre ainsi que des robinets pour l’eau chaude et la vapeur. Elle est faite de cuivre, alimentée directement en eau par le dessous et recouverte d’une coque en cuivre nickelée, destinée minimiser les pertes de chaleur. Le groupe avec la manette à trois positions (eau, vapeur, fermeture) se fixe sur une plaque rectangulaire plane accolée à mi-hauteur de la cuve circulaire.
Sur la description du brevet, on lit que l’ouverture circulaire dans le bas de l’appareil n’est pas une question esthétique, mais l’endroit où se glisse le brûleur à gaz servant à chauffer la bouilloire. Celle-ci est munie d’une valve de surpression (sur le sommet), d’un niveau d’eau et d’un manomètre ainsi que des robinets pour l’eau chaude et la vapeur. Elle est faite de cuivre, alimentée directement en eau par le dessous et recouverte d’une coque en cuivre nickelée, destinée minimiser les pertes de chaleur. Le groupe avec la manette à trois positions (eau, vapeur, fermeture) se fixe sur une plaque rectangulaire plane accolée à mi-hauteur de la cuve circulaire.
Changement au dépôt de marque qui couvre maintenant la fabrication de machines à café Express (1912).*
Le brevet d’introduction était d’une durée de 5 ans, mais Vázquez del Saz n’attend pas d’être arrivé à cette échéance pour agir. Trois ans après cette première incursion dans le monde des machines à café express, le voilà qui dépose un brevet d’invention pour sa propre machine, affirmant haut et fort qu’il a perfectionné l’Ideal. À ce brevet (53.825) de 1912 sont ajoutées des améliorations deux ans plus tard (brevet 59.262)… qui aurait donc dû en toute logique s’appeler «Ideal perfectionnée améliorée».
Dépôt de brevet d’invention pour l’«Ideal Perfeccionado» (1912) et son brevet d’addition (1914).*
Brevet 53.825 de A. Vázquez del Saz, « Un aparato para preparar instantáneamente infusiones de café o café líquido, cuyo especial mecanismo permite efectuar dos veces el paso automático del agua por presión de vapor a través del café en polvo denominado "ideal perfeccionado" », 05/09/1912.*
Les brevets, déposés pour une durée de 20 ans, montrent que l’amélioration porte essentiellement sur le groupe express alors que la chaudière est identique à celle de la Pavoni. Pour l’extraction, l’eau est d’abord poussée à travers le café en poudre par la pression de la chaudière et, de la vapeur est envoyée ensuite directement sur la galette. L’opération est effectuée par la rotation d’une vanne faisant d’abord communiquer le groupe avec le tuyau plongeant dans l’eau (14) puis avec le tuyau remontant vers le haut de la chaudière captant la vapeur (15).
Là aussi, le principe est le même que sur l’Ideal… sauf que ça ne s’arrête pas là. Autre grosse différence, dans le nouveau système de Vázquez del Saz : le passage à travers la poudre de café se fait de bas en haut de sorte que le café extrait s’en va dans le réservoir (16) situé au-dessus du porte-filtre. C’est la raison pour laquelle le porte-filtre comporte une valve de sortie. L’utilité revendiquée est de pouvoir garder des quantités de café en attente, mais surtout, de passer le café une deuxième fois. À l’ouverture de la valve en bas du porte-filtre (actionnée par le passage de la manivelle) le café sous pression présent dans le réservoir repasse à travers la poudre de café, de haut en bas cette fois-ci, avant de couler dans la tasse.
La conception est assez complexe, avec tout un jeu de vannes et d’actionneurs mécaniques pour rendre l’utilisation somme toute assez simple. L’opérateur n’a qu’à tourner la manivelle dans le sens horaire pour passer par les 4 positions : fermé, admission d’eau chaude, admission de vapeur, sortie du café. Le retour de la manivelle à l’horizontale actionne une gâchette qui libère l’excédent de pression du réservoir. Il ne reste plus qu’à recharger le porte-filtre et recommencer l’opération (ou revenir en arrière pour sortir le reste de café du réservoir avec ajout de pression).
Il apparait que ce modèle était déjà en fonction avant le dépôt du brevet, puisqu’il avait fait l’objet d’une publication pleine page dans le journal ABC en juillet 1911. On peut même voir sur cet article une photo de l’invention où apparaissent à la fois, sur la même machine, le système Bezzera/Pavoni et le nouveau groupe Vázquez del Saz. Pas sûr que ce café fût aussi fameux que ce qui en est dit dans le brevet et dans l’article… le café Express est connu pour son goût de brûlé, le faire passer deux fois à travers la mouture ne devait pas arranger les choses.
Là aussi, le principe est le même que sur l’Ideal… sauf que ça ne s’arrête pas là. Autre grosse différence, dans le nouveau système de Vázquez del Saz : le passage à travers la poudre de café se fait de bas en haut de sorte que le café extrait s’en va dans le réservoir (16) situé au-dessus du porte-filtre. C’est la raison pour laquelle le porte-filtre comporte une valve de sortie. L’utilité revendiquée est de pouvoir garder des quantités de café en attente, mais surtout, de passer le café une deuxième fois. À l’ouverture de la valve en bas du porte-filtre (actionnée par le passage de la manivelle) le café sous pression présent dans le réservoir repasse à travers la poudre de café, de haut en bas cette fois-ci, avant de couler dans la tasse.
La conception est assez complexe, avec tout un jeu de vannes et d’actionneurs mécaniques pour rendre l’utilisation somme toute assez simple. L’opérateur n’a qu’à tourner la manivelle dans le sens horaire pour passer par les 4 positions : fermé, admission d’eau chaude, admission de vapeur, sortie du café. Le retour de la manivelle à l’horizontale actionne une gâchette qui libère l’excédent de pression du réservoir. Il ne reste plus qu’à recharger le porte-filtre et recommencer l’opération (ou revenir en arrière pour sortir le reste de café du réservoir avec ajout de pression).
Il apparait que ce modèle était déjà en fonction avant le dépôt du brevet, puisqu’il avait fait l’objet d’une publication pleine page dans le journal ABC en juillet 1911. On peut même voir sur cet article une photo de l’invention où apparaissent à la fois, sur la même machine, le système Bezzera/Pavoni et le nouveau groupe Vázquez del Saz. Pas sûr que ce café fût aussi fameux que ce qui en est dit dans le brevet et dans l’article… le café Express est connu pour son goût de brûlé, le faire passer deux fois à travers la mouture ne devait pas arranger les choses.
Article du journal ABC, 26 juillet 1911.
Dans les faits, l’invention était plus ou moins au point puisque le fabricant revient sur des détails de fonctionnement en 1914. Le brevet additionnel vise à simplifier la mécanique à travers quelques modifications : le café ne remonte plus vers le réservoir du groupe par un seul, mais par deux conduits, le haut du filtre est remplacé par une sorte de grillage cerclé (plutôt qu’une plaque perforée qui se vissait et demandait donc de se brûler les doigts pour la démonter), le porte-filtre est maintenu en place par un verrou, mais aussi et surtout la cloche du réservoir devient amovible pour permettre un nettoyage en profondeur et est rajoutée la possibilité de réchauffer le café contenu dans le réservoir en faisant passer de la vapeur à travers un serpentin (cela étant actionner en appuyant simplement sur une gâchette située sur le côté du groupe).
Brevet d’addition 59.262 de A. Vázquez del Saz, « Un aparato para preparar instantáneamente café o café líquido cuyo especial mecánico permite efectuar dos veces el paso admitido del agua por presión de vapor a través del café en polvo denominado "ideal perfeccionado" », 30/11/1914.*
Les archives espagnoles offrent d’autres trésors relatifs à cette invention puisque deux brevets pour modèles y ont été déposés, accompagnés de photos détaillées, ce qui est une chose assez rare pour l’époque.
Brevet pour modèle 1.371 de A. Vázquez del Saz, 1914.*
Brevet pour modèle 1.372 de A. Vázquez del Saz, 1914.*
La voilà la bête, bien réelle, et en deux versions. On y distingue parfaitement le sigle de la maison A. Vázquez del Saz, surmonté du nom de la machine « Ideal Perfeccionado », avec tous les ajouts décrits dans le deuxième brevet. La magie de ces photos surgies du passé n’ont pas fini de me fasciner.
À suivre…
Références
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1. Centro de cultura tradicional / Museo Escolar de Pusol, «La máquina de gaseosas del Bar Mateo».
2. Exposición en Barcelona: 175 años de historia de los refrescos et «Molina - La única gaseosa fabricada en la provincia de Salamanca» sur Archivo fotografico y documental de Béjar. Pour une petite vidéo sur l’histoire des boissons gazeuses en Espagne : Historia de los refrescos... par Refrescantes
3. «El bar ¡Alegría! y su mostrador» sur Antiguos cafés de Madrid y otras cosas de la Villa.
*. Bulletin Officiel de la Propriété Intellectuelle et Archivo Histórico - Oficina Española de Patentes y Marcas dont la gentillesse, l’efficacité de service et les prix raisonnables pratiqués sont assez remarquables pour être signalés.
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Re: Las cafeteras españolas
À suivre...
On sera là, on y est déjà
zeb- Admin
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Re: Las cafeteras españolas
Impressionnant !
roluspress- Date d'inscription : 27/05/2013
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Re: Las cafeteras españolas
Bon , comme d'hab , une somme de travail qui se laisse lire agréablement , du grand art , Victor
pierro79- Date d'inscription : 11/01/2011
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Re: Las cafeteras españolas
Vázquez del Saz (2/3)
Publicités pour la maison Vazquex del Saz (ABC, 7 mars 1914 et 14 mai 1914) et photo d’étudiants prenant le tramway dans le quartier Chambéri (1913).4
Juste avant la Première Guerre mondiale (à laquelle l’Espagne ne prend pas part), l’entreprise connait un essor considérable, devenant la plus importante dans son secteur d’activité et le criant haut et fort à grand renfort de publicités dans les journaux. C’est encore la vente de gazéificateurs et de siphons qui représente l’activité principale. Celle-ci continue durant la guerre faisant rage de l’autre côté de la frontière : entre 1911 et 1917 Vázquez del Saz dépose différents brevets pour la fonte d’aluminium, la fixation de anses métalliques, pour des modèles originaux de bouteilles et de têtes de siphon.
Publicités pour la maison Vazquex del Saz, El Heraldo de Madrid 2 mai 1915.
Dépôt de brevet pour la fonte d’aluminium (1911) et pour une tête de siphon «Fénix» (1912).
Garçon de café portant des siphons, vers 1900.5
Modèles de bouteilles et de têtes de siphon (1916 et 1917) et brochure de l’époque.
Brevets en lien avec la fabrication de siphons (1915, 1916 et 1917).
La fabrication de machines à café est remise de l’avant en 1916, la maison dépose en effet un nouveau brevet accompagné d’un dépôt de marque pour le nom «Dryana». Peut-être était-ce pour répondre à une demande de certains bars ou hôtels plus "classiques", ou tout simplement pour faire un café un peu moins acre que l’express… ce modèle est assez décevant et représente un grand bond en arrière au niveau technologique : la machine n’est qu’un percolateur "standard", à trois étages, avec de la belle robinetterie il faut le dire.
Publicité pour Vázquez del Saz, journal La Acción 13 mai 1918.
Dépôt de brevet 63.311 de Vázquez del Saz, pour «Un appareil pour la préparation d’infusions de café», 1916.
Dessins du brevet 63.311 de Vázquez del Saz, « Aparatos para la preparación de infusión de café », 15/11/1916.*
Dépôt de marque pour la «Dryana», 1917.
1918 correspond aussi à l’année où l’on voit apparaitre une nouvelle succursale pour l’entreprise, au 35 rue Barbara, à Barcelone. Cela dénote d’un désir d’expansion et marque l’association avec un autre grand industriel: Sixto Alberti. Celui-ci est un vieux de la vieille de l’industrie du siphon (il avait déposé un brevet pour «Un aparato para la fabricación de toda clase de bebidas carbónicas» en 1897, brevet No. 21.708). C’est lui qui va finalement prendre le contrôle de l’entreprise de Vázquez del Saz.
Publicité pour Vázquez del Saz, journal La Vanguardia 9 mai 1918.
Était-ce une décision d’Adrián Vázquez lui-même, alors rendu à l’âge de se retirer ou la prise de contrôle par un concurrent… toujours est-il qu’en 1923, date de la fin de la dictature monarchique en Espagne et la prise de pouvoir par le général Primo de Rivera, A. Vázquez del Saz est dépossédé de son entreprise du 51, rue Zurbano et même de son propre nom. Les 3 brevets pour les machines à café et les noms de marque «Dryana» et «A. Vázquez del Saz» (le logo en forme de roue crantée) sont transférés entièrement à Sixto Alberti et la nouvelle entreprise constituée porte un nouveau nom: « Manufacturas Metalicas ».
Premier brevet (21.708) de Sixto Alberti, pour «Un appareil pour la fabrication de toutes sortes de boissons gazeuses», 1897.
Un atelier métallurgique de la région de Madrid vers 1920-1930.6
Changement de nom de l’entreprise qui devient « Manufacturas Metalicas, Antes A. Vázquez del Saz » tout en gardant le même logo et dépôt du nom « Vázquez del Saz » comme nom de commerce (1923).
Transfert des brevets et noms de marque pour machines à café (1925).
Manufacturas Metalicas possède une autre adresse à Barcelone : Riera Alto des numéros 19 à 27. Elle continue, bien sûr, la production de siphons (elle dépose un brevet pour modèle en 1923) en utilisant le logo de Vázquez del Saz pour la vente, mais met résolument l’accent sur les machines à café.
Publicité pour « Manufacturas Metalicas », journal La Vanguardia 18 janvier 1923.
Dépôt de brevet pour un modèle de « carafe ou récipient pour Siphon (No. 3.275, 1923) et publicité pour « Manufacturas Metalicas », journal La Vanguardia 24 janvier 1923.
À partir de 1925, Sixto Alberti doit faire face à la concurrence d’Oyarzun qui débute alors l’importation de modèles Pavoni Ideal. La publicité dans les journaux met alors l’emphase sur le fait que les machines à café Express « Ideal » de « Manufacturas Metalicas » sont entièrement fabriquées en Espagne, contrairement à la concurrence.
Publicité pour les cafetières Express Ideal de « Manufacturas Metalicas », journal ABC 28 mai 1925.
Sixto Alberti enregistre d’ailleurs la marque « Cafetera Expres » et dépose deux brevets pour des systèmes de cafetière. L’innovation du premier consiste en une manette très simple eau/vapeur et au fait de sortir le surplus de vapeur (en fin d’extraction) par le haut du groupe (tuyau K). Le deuxième concerne la connexion (en plastique ?!) pour un percolateur, la distribution d’eau se faisant à travers une sorte de douche (R).
Dépôt de la marque « Cafetera Expres » (1927) et publicité dans le journal ABC 11 mai 1926.
Dessin du brevet 101.161 de Sixto Alberti, « Mejoras en las cafeteras », 21/01/1927.*
Dessin du brevet 101.193 de Sixto Alberti, « Mejoras en las cafeteras », 25/01/1927.*
On retrouve les mêmes idées dans deux autres brevets déposés deux ans plus tard. Le premier (No. 110720 de 1928) montre le système de Vázquez del Saz, encore simplifié, et le système de Sixto Alberti, tous deux dans le même style (avec robinets ronds crénelés) et avec le principe de valve qu’avait proposé Vázquez del Saz (avec un canal relié à une rainure autour de l’axe pour la distribution alternative d’eau chaude et de vapeur). Le deuxième concerne un percolateur à deux étages de café : un pour le café frais (18) et l’autre pour le café déjà passé afin de finir de l’épuiser par un deuxième passage (compartiment 17).
Dessins des brevets de « Nuevas Manufacturas Metálicas » No. 110.720, « Un mecanismo de distribución para cafeteras destinadas a la preparación rápida de infusiones » (14/12/1928) et No. 111.701, « Una cafeteria » (23/02/1929).*
Les brevets sont déposés par « Nuevas Manufacturas Metalicas », le nouveau nom de l’entreprise qui s’est associée en 1926 avec Antonio Mañé Jané, industriel établi dans le secteur des installations électriques. On retrouve son nom sur différents brevets notamment pour le chauffage électrique de l’eau (No. 56.738 « Perfeccionamientos en los calentadores eléctricos para agua » du 25/10/1913 et No. 62.019, « Un sistema de calentadores eléctricos para agua, de funcionamiento automático » du 29/03/1916) ainsi que pour des interrupteurs électriques et même un système d’injection pour moteur à explosion. Cette nouvelle association, marquée par un changement de nom de l’entreprise, apporte certainement l’expertise sur le chauffage électrique pour les machines à café. Ainsi, c’est l’adresse des ateliers de Mañé Jané que l’on retrouve maintenant comme succursale à Barcelone : Calle Trafalgar, 11.
Publicité pour l’entreprise A. Mañé Jané, journal El Sol 2 février 1919.
L’offensive sur la vente de machines à café express reprend donc de plus belle avec (d’après une publicité de l’époque) sept modèles différents, dont la Dryana et l’Expres. On retrouve un nombre très important de publicités dans les journaux de l’époque. On apprend qu’ils ont obtenu une médaille d’or à l’exposition nationale de machinerie de Madrid en 1925. Leur activité s’oriente vers l’installation complète de bars et voit leurs machines trouver place dans bon nombre de cafés (Nuria, Mota, Trafalgar, La Proba, París, Círculo de Sans, Raim d’or, La Reforma, Sport bar de Terrassa et de Olot, Café Liceo de Malgrat).
Publicité pour les cafetières Dryana et Expres, journal ABC 9 mars 1926.
Publicité pour la cafetière Expres de Nuevas Manufacturas Metalicas, journal El Sol 3 décembre 1927.
Publicité de Nuevas Manufacturas Metalicas, journal La Vanguardia 13 mars et 20 juillet 1927.
Ils offrent des machines de différentes tailles allant de la petite, au format quasi familial, à un monstre de 4 mètres de haut, présenté à l’exposition de l’industrie hôtelière de Barcelone en 1927. On peut voir cette machine avec un opérateur à côté, sur un dessin accompagnant un article du journal LVG de 1927. Cette machine a bel et bien existé, le dessin étant la reproduction d’une photo que l’on retrouve dans le journal ABC du 26 octobre 1927.
Article sur Nuevas Manufacturas Metalicas à l’exposition hôtelière de Barcelone, journal La Vanguardia 4 novembre 1927.
Où est donc cette machine aujourd’hui ? Il me semble qu’elle ne doit pas être si facile à cacher…
À suivre…
Références
______________________À suivre…
Références
4. Historias matritenses, «¡Chamberí por ...»
5. Centro de cultura tradicional / Museo Escolar de Pusol, «La máquina de gaseosas del Bar Mateo».
6. El mundo del trabajo industrial en la Cataluña del primer tercio del siglo XX: las semillas de la revolución.
*. Bulletin Officiel de la Propriété Intellectuelle et Archivo Histórico - Oficina Española de Patentes y Marcas dont la gentillesse, l’efficacité de service et les prix raisonnables pratiqués sont assez remarquables pour être signalés.
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pootoogoo- Admin
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Re: Las cafeteras españolas
Je rajoute un petit tampon, histoire de ne pas avoir dix milles photos sur la première page...
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Re: Las cafeteras españolas
Bon, comme c'est tous les 15 posts, un petit dernier...
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Re: Las cafeteras españolas
Purée... lu un matin au petit déjeuner et la journée passée dessus on oublie de réagir
Merci toujours et encore pour tes récits captivants Sébastien
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zeb- Admin
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Re: Las cafeteras españolas
Il m'est arrivé la même chose avec les photos de ta BB. C'est plus concis mais de sacrés heures de travail derrière.
Aux trois qui lisent n'hésitez pas à rajouter un petit mot, ça permet de pas tout avoir sur la même page... enfin, maintenant c'est fait.
Allez, la fin bientôt... avant le retour aux italiens.
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pootoogoo- Admin
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Re: Las cafeteras españolas
919 vues tu fais le modeste
zeb- Admin
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Re: Las cafeteras españolas
Non mais ça c'est moi qui viens et qui reviens pour corriger des détails.
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zeb- Admin
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Re: Las cafeteras españolas
thread de niche, c'est pas facile à vivre, je sais.
rotchitos- Date d'inscription : 05/12/2009
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Re: Las cafeteras españolas
Chut je suis au travail, mais c'est la pause cigarette pour les fumeurs. Et la pause forum pour moi.
Continu je me régale !
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Gérard JEAN- Prof'spresseur
- Date d'inscription : 06/08/2014
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Re: Las cafeteras españolas
C'est pour ces fils là que j'avais voulu mettre en place le (désastreux) système de notation, histoire de pouvoir dire "je suis venu, j'ai lu et j'ai aimé" sans avoir à le dire vraiment, en le remplaçant par un clic à la "J'aime" des réseaux sociaux.
Bref, ça n'existe pas, tant pis...
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zeb- Admin
- Date d'inscription : 01/03/2010
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Re: Las cafeteras españolas
Bah, on peut toujours remplacer ça par ceci:
J'aime!
Bon, c'est aussi parce que j'ai jamais fait de "like" sur facebook, je sais même pas comment faire... Fais-je moi aussi partie du passé, du coup?
Plus sérieusement, je crois qu'on est beaucoup à lire et à apprécier ce thread, et on a peut-être aussi un peu peur de le polluer par des "j'aime" triviaux qui n'y ajoûtent que peu de substance...
J'aime!
Bon, c'est aussi parce que j'ai jamais fait de "like" sur facebook, je sais même pas comment faire... Fais-je moi aussi partie du passé, du coup?
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Ken Le Survivant- Date d'inscription : 19/07/2014
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dynamos- Date d'inscription : 04/12/2010
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