Au bout du compte, retour sur la Rancilio Silvia...

En aussi peu de temps, il m'en sera quand même passé quelques unes dans les mains de machines...
Mais la Silvia reste pour moi comme la petite GTI au fond d'une collection de voitures...
Elle ne paie pas de mines, mais elle est nerveuse, agressive et particulièrement joueuse...

J'ai longtemps lut ici, discuté, échangé autour des rossi et assimilés rossi... Et la finalité, c'est que tous vont à la facilité avec ce genre de machine... On la prend piddé, ou on la pid... Pour la dompter comme on mettrait un abs...
Mais j'ai surtout très longuement discuté avec un ancien membre d'ici que j'apprécie particulièrement pour son intelligence, sa pertinence et sa faculté à expérimenter; à savoir azo...
Il à prit le temps de comparer les pompes, l'effet du pid, l'effet du débit ainsi que celui des thermostats...
Quand je lui ai parlé de l'idée de pidder la Silvia, il m'a expliqué, avec conviction (et surtout de très bons arguments) que le pid est, dans le rossi, néfaste à la signature même du groupe...
Alors oui, pourquoi ne pas faire confiance aux ingénieurs de Rancilio...
Ceux qui ont choisit le poids du chassis à la fragilité d'un assemblage simple, d'un groupe légèrement décalé (alors qu'ils auraient put faire comme les autres), qu'ils aient revu les thermostats pour changer leurs valeurs, d'une pompe le plus éloigné possible de la source de chaleur pour assurer sa durée de vie...
Et si Rancilio à tourné la page et l'a doté d'un timer, je pense qu'on doit y voir la volonté d'un constructeur de jouer dans les règles... Règles qui ne sont pas suivies par les autres constructeurs de rossi...
Alors oui, j'ai décidé de jouer le jeu complètement, selon les règles...
Cette machine n'étant pas dédiée à rester chez moi, je vais profiter des semaines à venir pour la pousser dans ses retranchements, voir ce qu'elle peut réserver...
Mais si vous vous demandez ce qui va différencier cette expérimentation de la précédente silvia, alors sachez que depuis j'ai fait bien du chemin... exploré diverses machines et surtout aiguisé mon palais sur tout ce que je pouvais expérimenter... café, thé, bière, vodka, rhum, whisky... J'enchaine les expérimentations, les procédés depuis toutes ces années, découvrant sans cesse de nouveaux goûts...

Pour ce premier post, j'ai expérimenté sur une torréfaction personnelle.
Un SO simple, de base très lisible. Testé avant sur la Strega, en v60 et en aéropress pour avoir une compréhension du spectre la plus lisible qui soit... Torréfaction medium roast...



L'extraction est simple. ratio légèrement > 1/2 : 18g in / 40g out. Le filtre est un 18g traditionnel. J'utilise toujours le feldgrind pour sa capacité à reproduire un spectre que je trouve plus large que les meules plates, la taille qui me convient particulièrement bien et son réglage très précis. Le répartiteur de mouture et le tamper.
Pour le TS, j'ai flush pendant le moulinage pour relancer un cycle de chauffe. Si certains vont me reprocher ce process, je peux être d'accord et pas d'accord. J'ai tendance à trouver un peu excessif de devoir attendre 8 ou 9m que la machine soit au point le plus bas, 15s de chauffe et encore 1m après de TS... Il y à un moment, il faut prendre le taureau par les cornes...
Alors j'ai flush à la relance (sur une machine allumée depuis 30m). Pendant le cycle de chauffe, je prépare mon porte filtre. Vers 50s après l'extinction du voyant, j'enclenche le pf et je lance le shot à 1"10.
Pour ces 40g out, il faudra 28s.
J'ai vraiment pris le temps de boire tranquillement pour analyser au mieux.
La première approche est typique de ce à quoi je m'attendais. Oui, il y à du corps, mais surtout une grosse base d'amande, d'arachide, une base d'amertume qui vous racle le fond de la gorge. Puis la moitié de la tasse arrive et on attaque la balance acide/amer idéale, le shot se régule dans cette gorgée, la texture s'amplifie rendant l'approche plus ronde. L'arachide perd peu à peu sa place et l'amande grillé prend littéralement le dessus accompagné d'une note de fruit jaune...
Ce sera la 3ème gorgé qui laissera le plus de surprises avec l'acidité qui remonte et neutralise l'amertume, la texture épaisse du fond de tasse non mélangé et l'abricot qui, maintenant simplement accompagné de l'amande dominera le haut du palais...
Il faut prendre le temps... Mais oui, l'intérêt est là... Les marqueurs de torréfaction sont légers, la balance acide/amer générale est équilibrée (mais j'avais fait plusieurs tests de TS, ratios). La lisibilité et l'étagement des arômes est simplement précis même s'il faut avoir déjà la capacité à neutraliser les parasites qui rendent la tasse plus agressive...
La vrai finalité de cette première (mais pas dernière expérience), c'est que la silvia doit être exigeante pour donner le meilleur d'elle-même... Que ce soit le grain ou l'opérateur, si tu veux la pousser dans ses retranchements, il ne faut pas avoir peur de la pousser à bout...
Je peux comprendre que les gens aient du mal avec ce genre de machine, voire abandonnent... Contrairement à la Strega, la prof' ou l'elektra que j'ai eu en main avant, elle ne semble pas vraiment "signer" l'extraction. On à plus l'impression qu'elle vous jette au visage toute la nature de la torréfaction comme si vous étiez un malpropre totalement imbécile de lui demander ce qui ferait d'elle une menteuse pathologique...
Franchement, vive la prochaine extraction...

J'espère que les gens de Rancilio lisent le forum!
Avec ces commentaires, je ne comprends pas que tu ne souhaites pas la garder

Encore un super retour, on est gâtés en ce moment! J'ai une question assez générale sur la première gorgée "qui vous racle le fond de la gorge" - pour moi, lorsque le café se met ensuite en place et que le reste de la tasse est très agréable, c'est là la différence entre une très bonne extraction et une extraction exceptionnelle. Et j'ai tendance à attribuer cette première amertume à une légère sur-extraction. Est-ce que ça semble pertinent?

Super retour, c'est toujours interessant un retour de ce type sur une machine que l'on ré utilise après avoir été voir ailleurs, ça permet d'être plus objectif.
Elle est capable de tout effectivement mais garde un côté non stable même si le TS (je faisait +45sec après voyant) permet de l'utiliser sans problème.
Par contre au niveau dégustation je suis surpris, vous ne mélangez pas ? Perso je prend une petite cuillère pour justement mixer les "strats" et obtenir une "tasse homogénéisée". Je trouve cela relativement pertinent dans la dégustation, c'est vraiment un plus.

Si la question s'adresse à moi: si si je mélange, mais 1/ la crema reste au-dessus et 2/ le goût de la tasse s'arrondit à mesure que la chaleur de liquide baisse (jusqu'à un certain palier, bien sûr). Du coup les éventuels défauts sont plus frappants lors de la première gorgée.

@jpp j'ai décidé de ne pas cumuler de machines. Avec 65m2 pour 4, la place est cruciale... Elle va rester le temps que je m'en fasse une idée plus précise. Mais dans tous les cas, même si j'admets de façon totalement objective ses qualités, ça reste que ce n'est pas ce que je recherche dans une machine... Comme en musique, même si j'aime la technique, je suis plus attaché au rendu émotionnel... Et là, la strega gagne...

@Rainbow sans mélanger, le risque existe forcément...
Mais dans tous les cas, si j'ai une amertume en début de tasse, et une acidité en fond de tasse, tu ne peux pas définir s'il y a eu surextraction...
Qui plus est, j'en suis rendu au point ou cette notion devient vague... Comment puis-je definir une plage acceptable ? Le sera-t-elle par une autre personne?
C'est pour ça que je préfère une analyse plus objective ne laissant la place à aucune emotivité (la je parle pour la Silvia).
J'admire sa façon d'etager les arômes, de laisser part entière à la lisibilité du spectre.
Donc il faudrait déjà que je définisse ce que c'est pour moi une tasse "exceptionnelle" Alors que je n'ai pas de stéréotypes précis pour l'identifier...

@Lovic non je ne mélange jamais, j'aime avoir la variation de la tasse. J'aime l'amertume, l'acidité...
Et comment je pourrais définir la notion de "tasse homogène" Si par principe je casse l'accès à ce facteur en melangeant?

Pourquoi ne faut il pas PID une silvia ? je suis intéressé par les arguments ... ca m'embête de devoir flusher le matin pour lancer un cycle de chauffe et attendre 40s après l'extinction du voyant. Même si la qualité de l'espresso est superbe.

Détartrage ? De plus je ne crois pas que se soit le principal sujet du post...

@Chèvre_chaud quand tu lances ton shot avec un pied, des que de l'eau froide rentre le pid s'allume pour compenser la perte.. .
Dans la réalité, ça ne correspond plus au profil typé du Rossi.
Je pense que la variation du profil thermique à son intérêt et qu'il faut arrêter la course au shot linéaire...
Ce qui a fait la réputation des Rossi n'était pas sa stabilité, mais l'image complexe qu'elle transcrit...
@Borista j'ai fait un détartrage à l'acide citrique. Je pense que c'est largement suffisant...

si c'est que ça, tu peux mettre ta sonde pid autre part que l'arrivée d'eau froide, pour ne pas perturber la durée du shot

@metasystem Je parlais détartrage de post

@metasystem perso l’hypothétique future installation d’un PID c’est surtout pour gagner du temps et arrêter de lancer des flush pour faire du TS. La course au shot linéaire n’est pas particulièrement une motivation. Et pourquoi rancilio a décidé de mettre un PID sur la version PRO ?

À force qu'on leur mette la pression?
Après, moi la Silvia, elle ne tourne que de temps en temps... J'utilise la strega au quotidien, donc ça me pose pas de soucis la routine...